Pourquoi la justice lyonnaise rouvre le dossier d'un fugitif tué par un policier en 2015

La justice lyonnaise a ordonné la réouverture d'un dossier portant sur le décès par balle d'un jeune homme qui avait tenté de forcer un contrôle de police en 2015 près de Lyon.
Après un non-lieu du juge d'instruction qui avait retenu en 2018 "l'état de légitime défense", la cour d'appel de Lyon a ordonné le 11 octobre la réouverture de l'information judiciaire sur ces faits survenus le 3 septembre 2015 à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Dans son arrêt, la chambre de l'instruction demande au juge que soit organisée une reconstitution du drame, en présence d'un médecin légiste et d'un expert en balistique.
"Cette décision est déterminante pour éclaircir les circonstances de l'intervention de police, les déclarations des policiers ne cadrent pas avec les constatations scientifiques", salue Sylvain Cormier, avocat de la famille de Medhi Bouhouta, atteint d'une balle dans le front alors qu'il conduisait la voiture qui a forcé le contrôle de police. Selon lui, "la thèse de légitime défense ne tient pas".
"La reconstitution est logique, les policiers vont expliquer le danger qu'ils ont ressenti lorsqu'une voiture a foncé dans leur direction", a réagi de son côté Gabriel Versini, défenseur du policier auteur du tir mortel.
Un des policiers fait usage de son arme à deux reprises
Appelés ce jour-là pour une "rixe au couteau", des policiers de Sainte-Foy-lès-Lyon, dans l'ouest lyonnais, décident de contrôler une voiture avec trois occupants à bord.
Le véhicule prend la fuite mais se trouve bloqué sur un parking et tente de forcer le passage. Un des policiers fait usage de son arme à deux reprises. Selon sa version, il a été menacé et déséquilibré par la voiture. Le conducteur était décédé dans la soirée.
Le brigadier-chef auteur des tirs, en poste au commissariat d'Oullins, avait été placé sous le statut de témoin assisté en janvier 2017 dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Le juge avait ensuite prononcé le non-lieu avant que l'avocat de la victime n'obtienne la réouverture du dossier.