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Police-Justice

Prénom "insulte à la France": la condamnation d'Éric Zemmour pour injure raciste confirmée en appel

Le président du parti d'extrême droite Reconquête Éric Zemmour le 4 décembre 2022

Le président du parti d'extrême droite Reconquête Éric Zemmour le 4 décembre 2022 - Alain JOCARD / AFP

Éric Zemmour a été condamné jeudi par la cour d'appel de Paris pour injure à caractère raciste, pour avoir qualifié en 2018 le prénom de l'ex-chroniqueuse du groupe Canal+ Hapsatou Sy d'"insulte à la France".  L'homme politique d'extrême droite a annoncé son intention de se pouvoir en cassation.

Éric Zemmour, président du parti d'extrême droite Reconquête, a été condamné ce jeudi en appel à Paris pour injure à caractère raciste, pour avoir qualifié en 2018 le prénom de l'ex-chroniqueuse du groupe Canal+ Hapsatou Sy d'"insulte à la France". 

Dans son arrêt, la cour a confirmé le jugement rendu en première instance en janvier 2024. Le tribunal correctionnel l'avait reconnu coupable "d'insulte publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion" et lui avait infligé une amende de 4.000 euros.

Éric Zemmour avait également été condamné à payer 3.000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros de frais d'avocats. Jeudi, la cour d'appel l'a en outre ordonné de payer 3.000 euros supplémentaires à Hapsatou Sy pour les frais de procédures.

Des propos diffusés sur C8 chez Thierry Ardisson

Les propos incriminés avaient été prononcés en 2018 lors de l'enregistrement de l'émission des "Terriens du Dimanche", diffusée sur C8.

"C'est votre prénom qui est une insulte à la France. La France n'est pas une terre vierge, c'est une terre avec une histoire, avec un passé. Votre prénom n'est pas dans l'histoire, vous êtes dans les tréfonds de la France", avait lancé Éric Zemmour à Hapsatou Sy.  Il avait ajouté que la mère de l'ex-chroniqueuse aurait dû prendre un "prénom du calendrier" et l'appeler "Corinne par exemple".

Menaces de viol et de mort pour Hapsatou Sy

Lors de l'audience devant la cour d'appel le 29 février, l'avocat général avait estimé que, le prénom étant un "attribut essentiel" de l'identité, "s'attaquer au prénom de Mme Sy à raison de son origine étrangère supposée est un irrespect voire du mépris pour la France". 

Hapsatou Sy avait elle détaillé les conséquences de ces propos sur sa vie personnelle. "Je reçois 3 à 4.000 messages de haine par jour, des excréments de messages, je fais l'objet de harcèlement en ligne, je suis visée par des menaces de mort, des appels à mon viol et la lapidation", avait-elle déclaré.

Jeudi, elle a salué auprès de l'AFP un arrêt qui est "une grande victoire qui (la) dépasse" et le "bout d'un long calvaire qui m'a coûté ma carrière et ma santé".

Éric Zemmour dénonce des "juges politisés"

Éric Zemmour a pour sa part fait savoir qu'il entendait se pourvoir en cassation. Dans un communiqué, il a dénoncé "ces juges politisés (qui) veulent (le) condamner pour intimider les Français". "Les juges politiques ont eu Fillon, ils ne m'auront pas", a-t-il conclu.

Le président de Reconquête a en outre été condamné en février à 15.000 € d'amende pour injuges publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la Nation, la race ou l a region ainsi que provocation à la haine raciale.

L'ancien polémiste avait fustigé le 28 septembre 2019, lors de la " convention de la droite", des immigrés "colonisateurs" et une "islamisation de la rue", puis décrit le voile et la djellaba comme "les uniformes d'une armée d'occupation".

LM avec AFP