Prisons: Gérald Darmanin veut faire payer aux détenus des frais d'incarcération et fait débat

Gérald Darmanin veut que les détenus participent aux frais d'incarcération. L’annonce est venue du ministre de la Justice lundi soir, qui indique soutenir une proposition de loi déposée à l'Assemblée allant dans ce sens. Dans une lettre envoyée aux agents de l'administration pénitentiaire, Gérald Darmanin précise que la "somme récoltée ira directement à l'amélioration" de leurs conditions de travail.
Une contribution forfaitaire pour chaque jour d’incarcération payée seulement par les prisonniers définitivement condamnés à hauteur de leurs moyens comme l’explique Christophe Naegelen, le député qui l’a déposée.
“Soit par du travail en prison, soit par le biais de patrimoine qu'eux auraient parce qu’il faut arrêter de croire que tous les prisonniers condamnés sont des prisonniers qui sont pauvres, qui n’ont pas de revenus, de moyens”, indique-t-il.
À défaut, la contribution pourrait être prélevée sur le patrimoine des ascendants et descendants du condamné. Elle pourrait atteindre 25% maximum du coût moyen d’incarcération journalier estimé à 100 euros. Une question de justice sociale pour le député. “Faisons les participer aux frais que chaque citoyen en France doit normalement payer pour lui-même”, pointe-t-il.
Un frein à la réinsertion?
Cette mesure permettrait selon lui d’alléger le coût de fonctionnement des prisons pour le contribuable et pour l’Etat, mais également de responsabiliser et réinsérer les détenus.
Une mesure qui est régulièrement revenue sur la table ces dernières années et qui fait bondir Matthieu Quinquis, le président de l'Observatoire Français des Prisons. “Les personnes détenues sont des personnes qui, en grande majorité, ont des situations socio-économiques très fragiles. L’administration prélève déjà de l’argent sur les mandats qui sont envoyés par les proches. Les ressources que les personnes détenues tirent de leur travail ne leur appartiennent pas totalement. Donc quel est l’objectif de cette mesure sinon fragiliser des personnes qui au contraire doivent s’engager dans un parcours de réinsertion et doivent donc mobiliser leurs ressources pour essayer de réintégrer la société dans les meilleures conditions”, appuie-t-il.
Notons tout de même que les prévenus ne seront pas concernés. Cela paraît normal, puisqu'on parle de détenus qui ne sont pas encore jugés. Pas concernés non plus les détenus dits "indigents", aux ressources trop faibles. La proposition de loi doit être examinée prochainement à l’Assemblée nationale.