Procès de l'attentat de la rue Copernic: qui est Hassan Diab, accusé mais absent?

Le procès de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980, s'est ouvert ce lundi matin à Paris, en l'absence de l'unique accusé. Hassan Diab, universitaire canadien d’origine libanaise, est donc jugé 42 ans après les faits. Âgé de 70 ans, vivant au Canada, il a fait savoir au président de la cour d’assises spéciale qu’il ne comptait pas venir.
L’attentat a eu lieu en octobre 1980. Une moto a explosé devant la synagogue de la rue Copernic dans le XVIe arrondissement de Paris. Quatre personnes ont été tuées par l’explosion dans la rue, et une trentaine de fidèles blessés dans la synagogue. Le Premier ministre, Raymond Barre s'était aussi rendu sur place et il avait dénoncé un "attentat odieux qui voulait frapper des Israélites et qui avait frappé des Français innocents qui traversaient la rue". La phrase est restée célèbre.
L'enquête n’a ensuite rien donné pendant près de 20 ans. Puis en 1999, la justice a identifié un Libanais de 27 ans à l’époque des faits, un dénommé Hassan Diab, qui ressemblait au portrait-robot dressé à l'époque et dont l'écriture correspondait à celle de l’homme qui a acheté la moto. Et un passeport a été retrouvé, semblant indiquer qu’il était bien en France au moment de l’attentat.
Extradition, incarcération, non-lieu
L'homme avait refait sa vie au Canada. Il a fait des études de sociologie au Liban puis aux Etats-Unis. Et il est finalement devenu professeur de sociologie à l'université d’Otawa (Canada). Bon mari, bon père, bon prof, sans histoires, sans engagement politique connu.
Après des années d'enquête, le juge antiterroriste Marc Trévidic demande son extradition en 2008. Les Canadiens mettent six ans pour répondre mais l’envoient finalement en France. Il est mis en examen et incarcéré. Puis relâché, puis réincarcéré dix jours plus tard.
En 2018, il obtient un non-lieu et repart au Canada, innocenté. Mais trois ans plus tard, d’autres juges au contraire décident de le renvoyer devant la cour d’assises. Bref, la justice n’a pas cessé de changer d’avis. Jugeant parfois que les éléments à charge étaient insuffisants, et parfois que seule une cour d’assises pouvait en décider.
Le procès va durer trois semaines pour, peut-être, mettre un terme à un mystère vieux de 42 ans.