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Police-Justice

Procès de Monique Olivier: les enquêteurs de la PJ de Versailles bousculés par les parties civiles

Procès de Monique Olivier à Nanterre, 8 décembre 2023

Procès de Monique Olivier à Nanterre, 8 décembre 2023 - RMC

Le procès de Monique Olivier se poursuit dans le volet de la disparition d’Estelle Mouzin le 9 janvier 2003. Dès le mois de juin 2003, la piste Fourniret apparaissait dans l’enquête. Il a pourtant fallu attendre 2021 pour que le tueur en série soit mis en examen dans l’enlèvement et le meurtre de la petite fille de 9 ans. Car jusque-là les enquêteurs de la PJ de Versailles n’avaient pas réussi à établir l’implication de l’ogre des Ardennes.

Philippe Guichard était de permanence à la police judiciaire de Versailles le soir de la disparition d’Estelle. En costume et cravate bleu foncé, le policier se présente comme "un chat noir". "Pendant longtemps, j’ai rêvé d’appeler son père pour lui dire qu’on avait identifié l’auteur", confie celui qui n’a jamais vraiment cru à la piste Fourniret-Olivier et qui doute encore aujourd’hui de leur implication. "Je ne crois pas que Fourniret soit un pédophile."

Il livre à la cour un témoignage à décharge, jusqu’à contester la trace ADN d’Estelle retrouvée au domicile de la sœur de Fourniret, semant le trouble dans l’esprit des jurés avant l’audition de l’expert en génétique prévue lundi prochain. "C’est scandaleux vous n’êtes pas expert", s’emporte Me Corinne Herrmann. La main droite sur le micro la droite dans sa poche, Philippe Guichard essuie les foudres de l’avocat du père d’Estelle Mouzin qui énumère les lacunes de son enquête: "Pas de rapprochement avec le mode opératoire de Fourniret. Pas d’audition des codétenues de Monique Olivier." Jusqu’en 2018, la PJ de Versailles est alors dessaisie au profit de la gendarmerie. Me Didier Seban enfonce le clou: "Sinon on ne serait pas là."

Après une déclaration liminaire de plus d’une heure dans laquelle elle reprend son enquête en détails, Stéphanie Neuchatel, commandant de police à la PJ de Versailles, qui a piloté la cellule dédiée à l’enquête sur la disparition de Estelle Mouzin, déclare: "La piste prioritaire était Michel Fourniret. Mais on a établi aucun élément objectif pour l’impliquer. L’individu qui avait importuné la petite Megan B. en décembre 2002 a Guermantes, n’était pas Michel Fourniret", affirme l’enquêtrice. "La téléphonie ne permettait pas de situer Michel Fourniret et Monique Olivier en France le 9 janvier 2003. On n’avait pas d’empreinte génétique. Pas d’aveux, des conditions météorologiques hostiles, et enfin les trois victimes contemporaines de la disparition de Michel Fourniret avaient été enlevées au printemps dans un rayon de 50km de son domicile."

Le président l’interroge: "Pourquoi ne pas avoir entendu Michel Fourniret sur le témoignage de Megan B?" La petite fille avait livré une description qui ne correspondait pas en tout point à l’ogre des Ardennes mais elle avait parlé d’une camionnette blanche. Son père avait affirmé, en 2004, que sa fille n’avait pas reconnu Fourniret après avoir l’avoir vu dans des reportages sur le tueur en série. "C’est peut être une erreur originelle", estime le président, "que vous avez commise dans la stratégie d’enquête".

Marion Dubreuil