Procès des familles d'accueil à Châteauroux: "On était un billet pour eux", témoigne une victime

C’est un procès hors norme qui s'ouvre ce lundi devant le tribunal de Châteauroux. Pendant cinq jours, 19 personnes vont être jugées pour de graves maltraitances sur une vingtaine d’enfants qu’ils ont hébergés illégalement entre 2010 et 2017.
Ces mineurs, placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Nord, disent avoir été victimes de ces "familles d’accueil", qui ne disposaient pourtant pas de l’agrément légal nécessaire.
Parmi les parties civiles, Mathias, aujourd'hui âgé de 22 ans, s'est confié au micro de RMC. Il n'a qu'à fermer les yeux pour revivre les coups, les humiliations et les menaces de sa famille d'accueil. Jusqu'à ce matin de 2017 où il se réveille à l'hôpital, après six jours de coma.
“Mon corps, mon esprit, étaient éteints. On m’aurait poussé sur un poteau métallique, ma tête aurait claqué et je serais tombé. Et ensuite, j’aurais pris une dizaine de coups de pieds dans la tête. C’est de la violence gratuite”, déplore-t-il.
19 personnes poursuivies au total
Comme lui, des dizaines d'enfants suivis par l'ASE, l'aide sociale à l'enfance du Nord, ont été envoyés dans un réseau de familles rémunérées pour les accueillir. Un réseau qui s'est avéré illégal, car non agréé, et qui ne cherchait qu'une chose selon lui: “Profiter d’enfants en détresse pour de l’argent. On était un billet pour eux au final. Il s’en foutait un peu de notre bien-être. C’est malheureux”, confie Mathias.
Au total, 19 personnes sont poursuivies pour toute sorte de violences commises entre 2010 et 2017. Des violences pourtant signalées, dénonce son avocat, maître Jean Sannier.
“Si les règles de base avaient été respectées, rien ne se serait produit, mais l’ASE aurait eu sur le bras ces enfants dont elle voulait, au moins pour un temps, se débarrasser”, indique-t-il.
Aujourd'hui, l'avocat regrette que l'ASE du Nord ne soit pas elle aussi, sur le banc des prévenus.