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Procès des "otages de Daesh": Didier François, enlevé et torturé en Syrie, raconte sa captivité

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Le procès dit des "otages de Daesh", s'ouvre ce lundi 17 février devant la cour d'assises spéciale de Paris. Cinq accusés vont comparaître, dont le jihadiste français Mehdi Nemmouche. Ils seront jugés pour la prise d'otages et la torture de quatre journalistes français en 2013 en Syrie. Enlevé en 2013 et torturé pendant un an, Didier François témoigne sur RMC.

Mehdi Nemmouche, le tueur du musée juif de Bruxelles, de nouveau devant la justice. Ce lundi matin, s'ouvre le procès dit "des otages de Daesh" devant la Cour d'assises spéciale de Paris, qui durera jusqu'au 21 mars.

Cinq accusés vont être jugés pendant plusieurs semaines pour la prise d'otages de quatre journalistes français. Enlevés en 2013 en Syrie par le groupe terroriste Etat islamique, ils ont été torturés pendant près d'un an avant d'être libérés.

"C'est vous les Français?"

Parmi leurs bourreaux présumés, le jihadiste français Mehdi Nemmouche, 39 ans, déjà condamné à la prison à vie après avoir commis un attentat en Belgique en 2014. Parmi les otages, Didier François, alors reporter de guerre pour la radio Europe 1, qui a été l'un des premiers otages français enlevés au Nord de la Syrie.

Dès son arrivée en Syrie avec le photographe Édouard Elias, Didier François est aussitôt kidnappé.

“On est enlevé, mais vraiment 20 minutes après avoir passé la frontière. On est entouré par six hommes armés devant et quatre hommes armés derrière. Les ravisseurs nous demandent directement ‘c’est vous les Français?’ Donc ils savaient exactement ce qu’ils venaient chercher”, raconte-t-il.

Des "tensions très fortes" avec Mehdi Nemmouche

Comme ses confrères, le journaliste subit alors de multiples actes de torture. “Quatre jours, quatre nuits, sans manger et sans boire. Ils me mettent par exemple sur les yeux un bandeau qui est aspergé de gaz lacrymogène alors que j’ai les mains menottées dans le dos et accrochées à un radiateur. De manière régulière, ils viennent et vous frappent donc on ne sait pas si c’est toutes les 30 minutes, toutes les deux heures… Et donc c’est assez dur”, confie-t-il, évoquant une "oscillation permanente" entre calme et extrême violence.

"La moitié des otages ont été égorgés donc j'ai eu de la chance", complète-t-il en direct ce lundi matin dans Apolline Matin.
Le choix d'Apolline : Didier François - 17/02
Le choix d'Apolline : Didier François - 17/02
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La séquestration va durer au total 10 mois et demi, dans différents endroits, toujours aux mains des tortionnaires de Daesh parmi lesquels Mehdi Nemmouche, le terroriste français dont il se souvient parfaitement.

“Il va instaurer un rapport de force brutal. Les tensions avec lui seront très très très fortes que ce soit la violence, que ce soit le fait de nous affamer. C’était une façon en fait de contrôler l’ensemble de leurs prisonniers et d’avoir la main dessus”, appuie Didier François.

Ce lundi, devant la Cour d'assises, Didier François et ses confrères vont de nouveau faire face à Mehdi Nemmouche, déjà condamné à la prison à perpétuité pour avoir assassiné quatre personnes dans l'attentat du musée juif de Bruxelles.

Julie Brault avec Guillaume Descours