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Procès du cardinal Barbarin: "Il s'emmêlait les pinceaux"

L'archevêque de Lyon est jugé jusqu'à mercredi avec 5 autres prévenus pour non-dénonciation des crimes d'un prêtre pédophile commis dans les années 1986 à 1991.

Le cardinal Barbarin a beaucoup insisté. Plusieurs fois au cours de son audition mardi. Il a d'abord répété qu'il n'avait jamais caché ou couvert d'actes de pédophilie dans son diocèse. Il concède néanmoins un défaut de curiosité: "A l'époque, personne ne dit rien et personne ne me dit rien. Et moi je ne demande rien".

Un mot pour les victimes, puis une sorte de mea-culpa sur ses déclarations malvenues concernant la pédophilie dans l'Eglise. Et puis aux questions récurrentes de la présidente du Tribunal sur la longue éviction du père Preynat en 2015, qui était encore au contact d'enfants, là encore l'archevêque de Lyon se répète: "Mon autorité à moi, c'est Rome. J'ai attendu et j'ai suivi les instructions qui m'ont été données." L'homme d'Eglise se pose enfin la bonne question : "Est-ce que j'ai eu raison d'agir de la sorte?" avant d'insister encore, comme pour se convaincre: "Franchement, je ne vois pas de quoi je suis coupable".

"C'est la moindre des choses"

Le cardinal a notamment expliqué que ce n'était pas à lui d'aller voir la justice pour des faits prescrits, et qu'il a préféré attendre la réponse du Vatican avant d'écarter le prêtre pédophile de ses fonctions.

Des réponses qui n'ont pas convaincu Pierre-Emmanuel Germain-Thill, l'un de ces accusateurs et victime du père Preynat: "Ça a été long. On sent qu'il s'emmêlait un peu les pinceaux. On a l'impression qu'il est responsable du diocèse mais qu'il n'est pas responsable de grand-chose. Que le cardinal Barbarin ait parlé aussi longuement, tant mieux. Il ne fait que son devoir, j'estime que c'est la moindre des choses quand on est accusé, de venir témoigner. Et on espère que nos témoignages et les questions qu'on nous posera permettront d'éclairer un peu plus le débat".

Gwenaël Windrestin avec Paulina Benavente