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Procès du petit Tony: "Je ne l’ai pas tué volontairement, je regrette, je mérite d'être condamné", lance le beau-père auteur des coups

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Le beau-père du petit Tony reconnaît être l'auteur des coups qui ont tué le jeune garçon de 3 ans et demi.

Pour "l'enfer" infligé à Tony, mort à trois ans sous les coups en 2016, le parquet a requis vendredi 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre du beau-père "tueur" et cinq ans d'emprisonnement dont un avec sursis pour la mère au silence "complice". Au fil des trois mois de cohabitation du couple, avant l'issue mortelle en novembre, "l'appartement est devenu un abattoir", avec Loïc Vantal "comme tueur", a lancé devant les assises de la Marne l'avocat général Matthieu Bourrette qui a assorti la peine de Vantal de 15 ans de sûreté.

Selon lui, les coups qui ont plu sur l'enfant, jusqu'à ce qu'il succombe à un éclatement de la rate et du pancréas le 26 novembre 2016, étaient mus par une "méchanceté gratuite" associée à "l'égocentrisme". "C'est la présence de Tony dans le couple qui pose problème. Sa figure, son existence deviennent insupportable à Vantal", pointe le magistrat.

L'accusé, 28 ans, avec déjà sept condamnations pour violences à son actif, après une enfance difficile marquée par la violence de son propre père, "a encore des pas à faire sur le sentiment de culpabilité", ajoute-t-il.

Jeudi, après plus de 2 heures d’audition de Caroline sa mère, oscillant entre dénis et contradictions, il était toujours et encore difficile de répondre à cette question d'apparence simple: pourquoi n’a-t-elle pas protégé son fils? Agée de 19 ans au moment des faits, elle jugée pour "non-dénonciation de mauvais traitements" et "non-assistance à personne en danger", l'avocat général a requis cinq ans d'emprisonnement dont un avec sursis. 

La jeune femme avait plaidé la "peur" de son compagnon, dans une tentative confuse de justifier sa passivité, l'avocat général, lui, a jugé qu'elle avait fermé les yeux par "peur des conséquences pour elle-même et pour Vantal", pour "ne pas perdre" son compagnon. 

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D'ailleurs, jeudi, Loïc Vantal avait reconnu les avalanches de coup - "je pouvais pas m'arrêter de taper" - et avoir entraîné la mort de l'enfant, mais sans le tuer "volontairement". Il a alors fait le récit macabre de ces semaines de calvaires, a reconnu les coups mais a assuré ne pas avoir tué le petit garçon de 3 et demi volontairement.

"Je ne l’ai pas tué volontairement, je regrette, je mérite d’être condamné"

D’abord des punitions puis des claques sur les fesses et derrière la tête "tellement forte qu’il est tombé et s’est cassé le nez", reconnaît Loïc. "Plus tard j’ai fermé la main", dit-il.

"Mais pourquoi le frappiez vous?", demande la présidente. "Il répondait à sa mère, il parlait mal, il se foutait de moi", explique l’accusé.

Maitre Jean-Baptiste Rozes avocat de l’association Innocence en danger partie civile au procès décrit son comportement à la barre.

"Quand on lui demande s'il est conscient de la gravité des faits, s'il considérait que c'était bien un petit garçon. On a du mal à concevoir qu'il se considère comme une brute. Peut-être qu'il n'arrive pas à reconnaître lui-même qu'il responsable de la mort du petit garçon."

Le jeune homme crâne rasé en survêtement bleu foncé avoue ne rien ressentir lorsque Tony pleure après l’avoir été tabassé. "Est-ce que vous l’avez tué?", demande l’avocat général.

"Non j’ai entrainé sa mort, je ne l’ai pas tué volontairement, je regrette, je mérite d’être condamné" répond-il.

Le verdict est attendu ce vendredi, dans la soirée.

Jean-Baptiste Bourgeon (avec J.A.)