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Procès requis contre Depardieu pour viols: “une petite victoire pour les victimes”, estime Emmanuelle Dancourt

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Le parquet de Paris a requis le 14 août un procès devant la cour criminelle départementale à l'encontre de Gérard Depardieu pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould. Emmanuelle Dancourt, journaliste et présidente de l'association #MeTooMedias, donne des nouvelles de la victime au micro de RMC.

Gérard Depardieu, qui sera jugé en octobre pour des violences sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage, risque un second procès: le parquet de Paris a requis sa comparution devant la cour criminelle départementale pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould.

Le parquet a indiqué jeudi avoir requis le 14 août le renvoi de l'acteur devant la cour criminelle départementale pour "viols par pénétration digitale et agressions sexuelles les 7 et 13 août 2018 au préjudice de Charlotte Arnould", âgée de 28 ans.

Le géant du cinéma français, âgé de 75 ans, est mis en examen depuis le 16 décembre 2020 dans le cadre de cette instruction, ouverte après une plainte avec constitution de partie civile de la comédienne qui l'accuse de deux viols au domicile de l'acteur, situé dans le 6e arrondissement de la capitale.

Soulagement

Il revient désormais à la juge d'instruction chargée de ce dossier d'ordonner ou non un procès. "Je suis extrêmement soulagée et émue", a réagi sur X Charlotte Arnould. "Ça me donne de l'espoir pour la suite, bien que je reste évidemment prudente en attendant" la décision finale de la juge d'instruction, a-t-elle ajouté.

Emmanuelle Dancourt, journaliste, présidente de l'association #MeTooMedias, était invité sur le plateau d’Apolline Matin. Cette dernière est revenu sur l’annonce et partage des nouvelles de la jeune femme.

"Elle a réagi avec beaucoup d'émotion, de soulagement et de prudence. Charlotte reste calme, elle sait que le chemin de la justice est compliqué, elle est bien placée pour le savoir puisqu’elle a porté plainte pour la première fois en 2018, classée sans suite”, relate-t-elle.

Charlotte Arnould "avait initialement déposé une plainte en août 2018 dans une gendarmerie des Bouches-du-Rhône, puis le parquet d'Aix-en-Provence s'était dessaisi au profit du parquet de Paris, territorialement compétent.

À l'issue des investigations menées par le 3e district de police judiciaire, la procédure avait été classée au motif que les faits paraissaient insuffisamment caractérisés en juin 2019. La comédienne avait alors déposé une plainte avec constitution de partie civile le 10 mars 2020 à Paris auprès du doyen des juges d'instruction.

Une petite victoire pour les victimes

“Il y a eu une enquête très longue de quatre ans, pendant ce temps-là, elle a subi les foudres des grandes stars du cinéma qui ont pris la défense de Gérard Depardieu”, rappelle Emmanuelle Dancourt, qui souligne que le président de la République, lui-même, a pris la défense de l’acteur en le qualifiant de “fierté de la France”.

“Aujourd’hui, la justice la croit, d'autant plus que les faits ont été filmés, elle ne le savait pas. Dans son malheur, la grande chance de Charlotte Arnoud, c’est qu'il y avait des caméras, et elle ne le savait pas. Quand elle a porté plainte, elle a donné sa version et les vidéos corroborent la version, rarissime en général qu'il y ait des témoins", poursuit la journaliste.

Si cette annonce à le gout d’une victoire, la présidente de l’association #metoomedia et Charlotte Arnould restent prudentes: “la juge d'instruction pourrait décider de ne pas suivre le réquisitoire du parquet, ça arrive dans 20% des cas”.

Mais une victoire quand même, aussi, pour les autres victimes de l'acteur. “Si Depardieu est condamné, ça vaudra enfin dire que l’impunité des puissants cesse”, conclut Emmanuelle Dancourt, qui rappelle qu’on n'a rien à gagner en France en portant plainte pour des violences sexuelles.

Plusieurs femmes accusent Depardieu

Pour rappel, Gérard Depardieu doit être jugé devant le tribunal correctionnel de Paris en octobre pour des agressions sexuelles commises sur deux femmes lors du tournage du film de Jean Becker, "Les volets verts", en 2021.

Une ancienne assistante de tournage avait également déposé une plainte à Paris en janvier, dénonçant des agressions sexuelles dans le cadre du tournage du film "Le Magicien et le siamois" de Jean-Pierre Mocky en 2014. Le parquet a clôturé fin avril cette procédure sans poursuites, pour cause de prescription.

Une plainte déposée par la comédienne Hélène Darras pour agression sexuelle lors d'un tournage en 2007 a été classée pour le même motif. Dans une lettre publiée dans le Figaro en octobre 2023, l'acteur avait contesté les accusations. "Jamais au grand jamais, je n'ai abusé d'une femme", avait-il affirmé, faisant référence aux accusations de Charlotte Arnould.

C.A avec AFP