RMC

Prof "agressé" par des policiers: "Le pire ce sont les menaces de viol, les menaces de mort"

Guillaume Vadot assure avoir été agressé par des policiers (illustration)

Guillaume Vadot assure avoir été agressé par des policiers (illustration) - AFP

Guillaume Vadot, 28 ans, enseignant de la Sorbonne dit avoir été "agressé" la semaine dernière par des policiers après avoir filmé une interpellation à Saint-Denis. Alors que la police des polices a été saisie de l'affaire, il témoigne ce mercredi sur RMC et se dit déterminé à faire entendre sa vérité.

La semaine dernière, Guillaume Vadot a raconté avoir été témoin, à la sortie du RER D à Saint-Denis, de "l'interpellation d'une femme noire" par des policiers. Selon lui, la femme "poussait des cris stridents de douleurs à cause des menottes". Il décide alors de filmer la scène, à l'aide de son téléphone portable. L'enseignant certifie ensuite avoir été immobilisé contre une porte par des policiers qui, selon lui, l'ont "insulté" et ont menacé de le "tuer". Il assure avoir reçu des coups notamment à la cheville et à la cuisse, ainsi qu'une décharge de Taser au niveau du bras, les policiers lui demandant "si ça piquait".

"Ce qui m'est arrivé est malheureusement banal"

Avant de le relâcher, un des policiers a pris soin d'"effacer les deux vidéos" que l'enseignant venait de prendre, a-t-il poursuivi. Grâce aux talents informatiques d'un ami, l'enseignant a pu récupérer ces deux vidéos. Suite aux propos de ce professeur, l'inspection générale de la police nationale a été saisie par le préfet de Paris. Guillaume Vadot a rendez-vous ce mercredi avec eux. Un rendez-vous qu'il attend avec impatience.

"J'aimerais que ce soit la première étape d'un établissement de la vérité. J'attends d'être entendu jusqu'au bout et que ça soit le début d'un processus qui permette des sanctions car on ne peut pas laisser passer ça". "J'estime que ce qui m'est arrivé à l'air exceptionnel mais en réalité est banal. Et c'est ça qui est hautement problématique, poursuit cet enseignant. C'est banal parce que cela arrive très souvent. C'est simplement très rare que cela arrive à quelqu'un qui a les moyens de se défendre, quelqu'un qui est blanc, prof à la Sorbonne. C'est ce qui a permis cet écho médiatique exceptionnel. Mais les faits, eux-mêmes, malheureusement sont extrêmement banals".

"Combattre ces dérives"

"J'aimerais donc que l'on puisse mettre en lumière l'ensemble des violences dont sont victimes les populations des quartiers populaires en plus d'aller jusqu'au bout sur le terrain judiciaire quant à cette affaire-là, souligne Guillaume Vadot. On ne peut pas laisser passer ça. On est dans un cours des choses, depuis plusieurs mois, où l'argument des attentats terroristes est utilisé pour faire de toute intervention policière un élément d'une lutte anti-terroriste qui devient complètement fictive".

"Je ne comprends pas pourquoi ces policiers m'ont parlé de l'Etat islamique alors qu'on était face à un problème de ticket ou de pass Navigo. Je ne comprends pas pourquoi filmer cette scène-là m'a été reproché comme si j'étais en train de pactiser avec les barbares de l'Etat islamique, dénonce-t-il. Je ne comprends pas le lien qui a été fait dans la tête des policiers. Je pense qu'à un moment donné, il faut qu'on arrive à combattre ces dérives-là".

"J'ai reçu un mail de menaces"

Au-delà, de "quelques douleurs physiques", Guillaume Vadot assure que "ce qui est le pire, ce sont les paroles, ce qui a été dit. Ce sont les menaces de viol, les menaces de mort, le fait de dire 'On sait où tu habites' parce qu'il savait, de dire que la Sorbonne et mes collègues seront aussi menacés. C'est ça qui pèse le plus. J'ai par exemple reçu ce mardi après-midi un mail de menaces intitulé 'Sale gaucho'".

Pour Slim Ben Achour, l'avocat de l'enseignant, les policiers ont tout fait pour "éliminer" les vidéos de cette interpellation musclée: "Pas de preuve, pas de responsabilité. Donc, circulez, il n'y a rien à voir". "Ce sont des comportements et des propos qui n'ont absolument rien à voir avec leur mission, estime-t-il encore. Leur mission, a priori et idéalement, c'est de servir le public et non pas de créer des troubles à l'ordre public". Ces vidéos, selon Guillaume Vadot, permettraient d'identifier formellement les deux policiers. L'enseignant compte donc bien les montrer ce mercredi à l'IGPN.

Maxime Ricard avec Benjamin Smadja