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"Quand on touche à ma soeur, l'émotion parle": la défense maladroite des agresseurs d'un médecin à Lille

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Après des faits de violences sur un praticien de SOS Médecins à Lille (Nord) le 2 juillet dernier, ses deux agresseurs ont été condamnés ce mercredi 7 juillet à 12 mois de prison aménageable, suivie d'une amende pour dommages et préjudice moral. Les deux hommes ont tenté de justifier leurs actes, dans une défense hasardeuse.

Après l'agression, la condamnation. Le parquet de Lille a rendu ce mercredi 9 juillet son verdict dans l'agression d'un praticien de SOS Médecins par deux hommes, un oncle et son neveu âgés de 22 et 30 ans, mercredi 2 juillet.

Le frère et l'oncle d'une jeune femme venue consulter l'antenne lilloise de SOS Médecins s'étaient rendus au cabinet médical pour se venger de pratiques qu'ils considéraient comme abusive sur la jeune femme. Cette agression avait mené à une grève de trois jours de l'antenne lilloise de SOS Médecins.

Jugés en comparution immédiate ce mercredi après s'être rendus à la police la veille, les deux prévenus ont été reconnus coupables de "violence aggravée" en réunion, suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours par le parquet de Lille.

"Si j'avais vraiment frappé, il n'aurait pas pu se relever"

Devant le parquet de Lille, les deux hommes ont tenté de justifier leur acte en reprochant au médecin d’avoir mis "[sa] main" sur le ventre de la patiente, venue pour une gastro. Ils seraient venus pour demander des explications.

À la barre, les condamnés confessent des regrets, mais restent sur leurs positions. "Je regrette d'être venu dans ce cabinet. Mais quand on touche à ma sœur, on ne réfléchit pas, c'est l'émotion qui parle", tente d'expliquer à la barre l’un des deux agresseurs à l’origine de cette expédition punitive.

Face à la juge qui pointe des dissonances entre leurs récits et ceux de la victime, et des témoins, le jeune homme se défend maladroitement. "On n'était pas venus de façon véhémente, la preuve, on a fait la queue en arrivant".

Quant aux coups portés sur le médecin, les deux accusés démentent également.

"J'ai fait 10 ans de boxe, le médecin n'aurait pas pu se relever si j'avais vraiment frappé", assure l'un deux.

Dans la salle, le médecin qui s’est vu prescrire cinq jours d’ITT s’emporte d'une voie émue "ce procès, c'est celui de la connerie humaine. Je me suis vu mourir. Je n'arrive toujours pas à dormir."

Satisfaction pour l'avocat du médecin agressé

Cette violence, la partie civile veut en faire un exemple pour soutenir le personnel médical de plus en plus cible d'agression. Et elle est d'autant plus incompréhensible que les deux prévenus sont ou veulent devenir ambulanciers. Cette condamnation, la première à leur casier, leur empêchera de pratiquer le métier.

Ce mercredi, au sortir du tribunal de Lille, maître Damien Legrand, avocat du docteur agressé salue des peines qu'il juge exemplaires. "Il y a, pour nous, deux motifs de satisfaction. Le premier, c'est évidemment la condamnation à de l'emprisonnement ferme, la culpabilité, l'ampleur de la peine. Et puis, c'est aussi le fait que le tribunal, sans distinction aucune, a recueilli les constitutions de parties civiles de tous les organes de la profession. C'est un appel lancé à cette profession", a déclaré le conseil au micro de RMC.

"La présidente [du tribunal, NDLR] a très clairement dit que les faits commis par les prévenus portaient atteinte à l'intérêt collectif de l'ensemble de la société. Cela me semble être un message bienveillant en ce qui nous concerne", a-t-il ajouté.

Suivant les réquisitions du parquet, ces derniers ont été condamnés à 12 mois de prison aménageable (avec bracelet) et sommés de verser à la victime 1.000 euros de dommages pour préjudice moral, accompagnés de l'interdiction de paraître à l'antenne de SOS Médecins.

Vincent Vieillard avec Lilian Pouyaud