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Inéligibilité requise contre Marine Le Pen: "Une volonté politique de faire la peau au RN"

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Après les réquisitions au procès des assistants parlementaires européens du RN, notamment cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen, les membres du parti dénoncent une "volonté politique".

Des condamnations lourdes et immédiates. En résumé, c’est ce qu’a requis le parquet de Paris à l’encontre de Marine Le Pen et d’une vingtaine d’autres prévenus au procès des assistants parlementaires du FN, payés par l’Europe mais travaillant en réalité pour le parti. Le réquisitoire a duré près de 10 heures. Loin des peines maximales encourues, les magistrats du parquet ont tout de même réclamé deux ans de prison ferme aménageables pour Marine Le Pen ainsi qu’une peine d’inéligibilité de cinq ans qui s’appliquerait immédiatement, même en cas d’appel.

Si cette exécution provisoire est prononcée, elle ne perdrait pas ses mandats électifs actuels mais ne pourrait pas se présenter à une élection durant la période prononcée. Le procès doit se tenir jusqu'au 27 novembre. Le jugement sera mis en délibéré et ne sera pas prononcé avant plusieurs mois.

Dix ans après le début de l’enquête (avec des prévenus qui ont fait 45 recours), d’après le procureur, il faut que ces peines soient exécutées dans un délai raisonnable, pour "l’assainissement de la vie politique". "Nous ne sommes pas comptables des ambitions politiques des prévenus", a-t-il insisté. Avant lui, sa collègue avait pointé l’ampleur inédite de cette affaire, avec 4 millions et demi d’euros détournés pendant 12 ans. "Ils ont fait et entendaient continuer à faire du Parlement européen leur vache à lait", a-t-elle souligné, plaçant Marine Le Pen au centre de ce système organisé.

Sur son banc, l’ancienne présidente du FN a souvent secoué la tête face aux accusations… Mais à la fin, ce sont bien cinq ans de prison dont trois avec sursis, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité immédiate qui ont été requis contre elle.

"Pas de raison que le RN échappe à la loi"

Des réquisitions qui font réagir dans la classe politique, à commencer par les membres du du RN, vent debout contre les cinq ans d'inéligibilité demandés aux juges par les procureurs. Sur RMC-BFMTV ce jeud matin, le vice-président du RN Sébastien Chenu dénonce "un parquet au service d'une mission politique".

"Ces réquisitions, qui ne présagent pas de la décision des juges, sont purement scandaleuses et disproportionnées", estime le député RN Thomas Ménagé, bien conscient que cela pourrait empêcher Marine Le Pen de se présenter à l'élection présidentielle en 2027... "Il y a une volonté politique dans ces réquisitions de faire la peau au Rassemblement national ", ajoute-t-il.

Comme ses collègues, il a d'ailleurs publié ce mercredi soir une photo de lui avec Marine Le Pen et le hashtag "Je soutiens Marine". Des dizaines de messages, dont celui du président du parti Jordan Bardella qui dénonce une "atteinte à la démocratie". Des propos inquiétants selon Emmanuel Grégoire, député socialiste: "Il n’y a pas de raison que le RN échappe à ce qu’est la loi, qui s’impose à tout et chacun. On ne peut pas se prévaloir d’une forme de supériorité qui crée une immunité judiciaire. La justice est en train de le rappeler avec sévérité à Marine Le Pen et à ses proches".

Une sévérité trop grande, considère Gérald Darmanin. L'ancien ministre de l'Intérieur et député macroniste écrit qu'il serait choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible à l'issue de son procès.

LP avec Guillaume Biet et Stéphane Duguet