“Je ne suis pas d'extrême droite, je ne le serai jamais”, assure le président du RN Jordan Bardella

"Ce que je cherche", livre signé par le président du Rassemblement national Jordan Bardella, est sorti samedi 9 novembre, mêlant récit de campagne, souvenirs d'enfance et considérations politiques, et doit faire l'objet d'une intense campagne de promotion, notamment par les médias du groupe Bolloré, propriétaire de l'éditeur de l'ouvrage, Fayard.
"Ce livre n'est ni un essai, ni un programme: il est le reflet de mon existence": dès l'entame des quelque 320 pages qui doivent être tirées à plus de 150.000 exemplaires, le patron du Rassemblement national entend marquer un énième jalon d'une ascension politique fulgurante.
Fait inédit, c'est le prestigieux éditeur Fayard qui publie "Ce que je cherche", une première pour l'extrême droite lepéniste jusqu'alors cantonnée aux maisons confidentielles. Mais le fleuron de l'édition est depuis passé sous pavillon du groupe Bolloré, dont les antennes médiatiques doivent soutenir dans les prochains jours la sortie du livre. Vendredi, Fayard a par ailleurs annoncé un recours contre la filiale de la SNCF et de la RATP qui a refusé la campagne de publicité prévue dans les gares.
Jordan Bardella affirme ne pas être d'extrême droite
La promotion a commencé ce week-end dans le Lot-et-Garonne, avec un meeting suivi d'une séance de dédicaces, prélude à une tournée de signatures, à l'heure où le Rassemblement national est embourbé dans son procès dans l'affaire des assistants d'eurodéputés, pour laquelle Jordan Bardella n'est pas visé.
Au fil de "Ce que je cherche" - une citation de Napoléon Bonaparte en épigraphe y répond immédiatement, "la grandeur" - , le leader d'extrême droite prend soin de tracer son sillon politique. Avec, pour modèle, la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy de 2007 et "l'idée de réunir dans un même élan les Français issus de la classe populaire et une partie de la bourgeoisie conservatrice".
Dès lors, "les victoires futures passeront par l'unité du camp patriote, par une capacité à agréger les orphelins d'une droite plus orléaniste", estime le président du RN dans un discours proche de l"union des droites" prôné par Eric Zemmour, dont il singe d'ailleurs le slogan de 2022, "Pour que la France reste la France": chez Jordan Bardella, cela devient "Notre désir ardent de demeurer la France".
Pour autant, "je ne suis pas d'extrême droite, je ne l'ai jamais été et ne le serai jamais", a-t-il assuré dans un entretien au JDD. Une déclaration qui fait débat dans les Grandes Gueules de ce lundi 11 novembre.
Le RN est bien d’extrême droite selon le Conseil d'Etat
"Je qualifie Jordan Bardella comme quelqu'un qui est un patriote. Ce qui me gonfle, c'est que nous, les patriotes, on est stigmatisés! Les gens nous collent une étiquette de fascistes... Oui, il y a des idées plus dures que la normale, mais dans le fond, ce qu’on veut, c'est protéger les Français et protéger la France”, explique Alexandre, un auditeur.
Pour Antoine Diers, Jordan Bardella n’est pas non plus d’extrême droite. “Bardella est président d’un parti d’extrême droite, qui a été reconnu par le Conseil d'État comme un parti d’extrême droite”, poursuit Bruno Poncet.
En effet, le 11 mars dernier, la plus haute juridiction administrative du pays a rejeté une requête du Rassemblement national, qui contestait son rattachement à ce camp politique par la classification du ministère de l’Intérieur lors des dernières élections sénatoriales. La haute juridiction, qui se prononçait sur le fond, a confirmé une première décision rendue en référé en septembre.
Si les candidats peuvent choisir librement leur nuance, en l’occurrence “Rassemblement national”, l’attribution des blocs (extrême gauche, gauche, autres, centre, droite ou extrême droite) relève des préfectures, à des fins d’analyse électorale et de “lisibilité des résultats des élections pour les citoyens”, rappelait le ministère dans sa circulaire.
“En rattachant la nuance politique “Rassemblement national” au bloc de clivages “extrême droite”, la circulaire attaquée ne méconnaît pas le principe de sincérité du scrutin, que l’attribution d’une nuance politique différente de l’étiquette politique n’affecte pas, et n’est entachée d’aucune erreur manifeste d’appréciation”, ont considéré les juges administratifs dans leur décision.
“Elle ne méconnaît pas davantage, en tout état de cause, le principe d’égalité en procédant à un tel rattachement, tout en attribuant la nuance “Gauche” aux formations politiques “Parti communiste français” et “La France insoumise””, a encore fait valoir le Conseil d'État. Fin du débat, donc.