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Rodéos urbains: les policiers demandent "des moyens pour briser le sentiment d'impunité"

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Alors que les rodéos urbains se multiplient, comme à Brest et Echirolles ces derniers jours, les syndicats de police demandent plus de moyens pour intervenir.

Ils sont devenus la hantise des policiers. À peine les beaux jours sont-il revenus, que les rodéos urbains se multiplient déjà. Ce dimanche, à Brest, un homme a même été roué de coups et attaqué à l'arme blanche pour avoir voulu interrompe un rodéo urbain.

Quelques jours plus tôt, le 11 avril, plusieurs personnes à moto ont envahi le centre commercial Grand'Place, à Échirolles, près de Grenoble. Sur une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, on y voit des jeunes traverser la galerie du centre commercial, à vive allure sur des deux-roues. Certains en train d'effectuer une roue arrière. Il n'y a pas eu de dégâts ni de blessé, mais une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs.

"Ils le faisaient dans les quartiers, dans les grandes avenues, et maintenant ils n’hésitent plus à entrer dans les commerces, déplore Yannick Biancheri, secrétaire départemental Alliance Police Nationale de l’Isère. Ils rentrent par un côté, ils ressortent de l’autre. Ils lèvent les roues, passent très près de certains clients. Ils ont un sentiment d’impunité donc ils se permettent tout et n’importe quoi", poursuit le policier.

"On a besoin de moyens d'enquête"

Face aux rodéos urbains, difficile pour les forces de l'ordre de savoir comment agir. "Les policiers ont la possibilité de pouvoir intervenir et ils le font régulièrement", assure Grégory Joron, secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP Police, invité de RMC ce mardi. Problème: les individus ne s'arrêtent pas toujours. "C’est extrêmement compliqué parce qu’on est dans une espèce d’entre-deux. Entre une réponse pénale et des moyens d’enquête qui sont sous-dimensionnés, et malheureusement aussi, une difficulté à avoir une réponse opérationnelle", explique-t-il.

Grégory Joron réclame notamment des moyens d'enquête, comme des drones. "Je pense que ce serait extrêmement utile pour pouvoir les suivre à distance, en toute sécurité." Les drones permettraient aux policiers de ne pas intervenir lorsque l'individu est sur le deux-roues, mais de l'interpeller après, écartant ainsi le risque d'accident.

"Tant qu’on ne prendra pas une décision très claire, on n’y arrivera pas. Soit on met des moyens d’enquête pour interpeller après, soit on met des moyens légaux pour interpeller pendant", a déclaré Gregory Joron au micro d'Apolline de Malherbe.

En plus des moyens matériels, Grégory Joron pointe le manque de bras au sein de la police. Selon lui, alors qu'un rodéo urbain avait lieu dans le quartier Bellevue à Brest ce dimanche, "il y a eu 38 appels police secours dans la journée, dont huit qui n’ont pas pu être couverts par une intervention de la police, car malheureusement il n'y avait que deux équipages sur Brest engagés ce jour-là pour répondre aux appels police secours". Soit deux équipages pour 140.000 habitants.

La méthode du tamponnage

Pour Yannick Biancheri, l'interpellation doit avoir lieu pendant les faits. Selon lui, il faut autoriser les policiers à "tamponner" les auteurs de rodéos. Une méthode à laquelle ont recours les policiers anglais et qui consiste à taper la roue pour que le conducteur chute. Contestée par beaucoup, y compris par des policiers, cette tactique d'interpellation est essentielle pour lutter contre ce phénomène selon Yannick Biancheri: "Je préfère que ce soit cet individu qui chute, plutôt que des enfants qui traversent la route, ou des passants", jusitifie-t-il.

Grégory Joron, lui, n'est pas favorable à cette méthode. Mais comme son collègue, il souligne le sentiment d'impunité. "Quand on ne peut pas intervenir parce que c’est trop dangereux, la moto-cross ou le quad repart. La personne dessus se sent totalement impunie et peut recommencer le lendemain. C’est ça qu’il faut briser. Et pour cela, il nous faut des moyens d’enquête et des moyens humains."

AL