Sainte-Soline: "Les hostilités ont été lancées par les forces de l’ordre" accuse l’eurodéputé Benoit Biteau

Un homme de 30 ans le coma, près de 250 blessés au total dans les deux camps… A Sainte-Soline (Deux-Sèvres) ce samedi, la manifestation, qui était interdite par la préfecture, les craintes de violences se sont bien confirmées. Et les affrontements ont été terribles. Les autorités expliquent que les forces de l'ordre ont été visées par des "mortiers d'artifices, des chandelles romaines et des cocktails molotov". De son côté, la Ligue des droits de l'homme, qui avait déployé plusieurs observateurs sur place, met en cause la responsabilité des forces de l'ordre et dénonce notamment des tirs de grenades lacrymogènes en direction d'élus qui protégeaient des blessés et "plusieurs cas d'entraves par les forces de l'ordre à l'intervention des secours", dont un dans une zone "totalement calme depuis plusieurs dizaines de minutes".
Selon l’eurodéputé écologiste Benoit Biteau, ce sont les gendarmes qui ont "déclenché les hostilités". "Le cortège était composé de personnes qui venaient manifester pacifiquement, dans un esprit très familial, explique-t-il dans ‘Charles Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. Il y avait des parents avec leurs gamins en poussette, des grands-parents à côté, des fanfares… Dès qu’on a été à portée de tir, j’appelle ça comme ça, ça a été un déferlement de grenades, de lacrymo, qui nous tombent dessus. Je ne peux pas dire autre chose. Dans ce contexte de guerre, dans un espace enfumé où on ne voit plus rien, c’est à ce moment-là probablement que des groupuscules peut-être un peu extrêmes entrent en confrontation avec les forces de l’ordre. Nous, on ne voit plus rien, c’est une scène de guerre. Ce qui est sûr, c’est que les hostilités ont été lancées par les forces de l’ordre. Ce n’est pas contestable."
"Les forces de l’ordre étaient quand même autour d’un trou, souligne l’élu européen. Elles protégeaient un trou où il n’y a absolument rien à détruire. C’est incroyable que ce soit eux qui déclenchent les hostilités. Si les hostilités ne sont pas déclenchées, ces gens qui sont venus en découdre, qui attendent ce contexte, peuvent effectivement déployer leur violence. Mais si tout reste bon enfant… L’objectif, c’était de faire une chaine humaine en se tenant la main autour du trou pour montrer qu’il est financé par de l’argent public et qu’il nous appartient un peu à tous."
"Cela fait des mois et des années qu’on demande à l’Etat de poser un moratoire"
Selon Benoit Biteau, l’Etat refuse d’écouter les arguments contre ces bassines destinées à alimenter en eau uniquement certains agriculteurs. "Ce n’est pas notre came, la violence. Cela fait des mois et des années qu’on demande à l’Etat de poser un moratoire sur ces retenues de substitution, assure-t-il. On a convoqué la loi, l’état de droit, tout ce que la République nous offre. On a des condamnations en justice parce que ces projets ne respectent pas la réglementation en vigueur en France et en Europe. Si ce moratoire avait été posé, si l’Etat décidait enfin d’écouter les décisions de justice, les scientifiques, les citoyens, est-ce que ça ne serait pas plus logique?"
"Je suis le seul député européen de l’ex-région Poitou-Charentes, poursuit l’eurodéputé écologiste. J’ai demandé à plusieurs reprises de discuter avec la préfète des Deux-Sèvres. J’attends toujours une réponse. Est-ce que c’est la République de laisser des lettres mortes au seul député européen de toute une région sur un sujet aussi sensible? Voilà le comportement de l’Etat. La seule décision possible de l’Etat, c’était de dire ‘temps mort’."