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Sainte-Soline : les gendarmes ont “rempli leur mission”, assure la porte-parole de la Gendarmerie

Après la manifestation de samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), en opposition au projet de méga-bassine de rétention d’eau, l’heure est au bilan après de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants radicaux.

Des dizaines de blessés (200 selon les organisateurs de la manifestation, un peu plus d’une trentaine selon les autorités), trois manifestants et deux gendarmes en urgence absolue, une violence rarement observée lors d’un mouvement de contestation… Ce dimanche matin, au lendemain des affrontements de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le débat sur le maintien de l’ordre et sa gestion est, plus que jamais, ouvert.

En ce sens, la porte-parole de la Gendarmerie nationale, la Colonel Marie-Laure Pezant, a accordé une interview à la Matinale Week-end, diffusée sur RMC. Au cours de cet entretien mené par Marguerite Dumont, la porte-parole a tenu à apporter des précisions sur la stratégie de maintien de l’ordre adoptée lors de la manifestation de Sainte-Soline.

Soulignant tout d’abord que l’état de santé des deux gendarmes en urgence absolue “n’est pas encore stabilisé”, Marie-Laure Pezant a rappelé que l’objectif des forces de l’ordre était de “protéger les personnes et les biens qui étaient présents sur place”. Selon elle, les militaires ont “rempli leur mission”, faisant preuve de “résilience” face à des “scènes de violences illégitimes”.

“On a eu 1.000 activistes qui sont arrivés avec l’objectif, clair, d’en découdre. Ils sesont préparés en avance. Quand vous voyez la marche qui a lieu entre le point de départ des activistes et la zone interdite à la manifestation, vous avez 7km où vous voyez des personnes radicalisés, avec des équipements, des masques etc… avec l’intention d’aller à l’affrontement”, a évalué la porte-parole de la Gendarmerie nationale.

Marie-Laure Pezant a ensuite été confrontée à un extrait d’interview d’Adeline, une militante du collectif “Bassines, non merci”, dans lequel cette dernière explique que “les gens sont très choqués et n’ont jamais vu une telle violence comme celle-là”. “Alors ça ne décourage pas, je pense que ça fait monter encore plus la colère. On a eu plus de 3.000 forces de l’ordre qui étaient là pour protéger un cratère vide, donc pour protéger rien”, poursuit-elle.

"La gendarmerie n'est pas là pour agresser les manifestants”

Une présence trop importante de gendarmes qui aurait mis de l’huile sur le feu? En réponse, la porte-parole de la Gendarmerie nationale a rappelé que la France était “un état de droit, où les gendarmes et les policiers sont là pour faire respecter les arrêtés qui ont été pris”. Refusant de participer à “un débat d’idée”, la militaire a rétorqué que les forces de l’ordre étaient sur une position de savoir “quelles sont les règles” qui doivent être respectées.

“Tous les gendarmes et policiers n’étaient pas déployés, on avait des réserves aussi puisque l’objectif était de pouvoir se réarticuler en fonction de l’action des personnes qui manifestent de manière illégale”, a encore rappelé Marie-Laure Pezant.

Afin de préciser la stratégie de maintien de l’ordre employée par les gendarmes, Marie-Laure Pezant a expliqué que les forces de l’ordre avaient “un emploi de la force gradué, légitime et proportionné puisqu’il répondait à une attaque”. “Vous avez vu, comme moi, que la violence était quand même plutôt du côté des manifestants avec des fusées, des cocktails molotov, des pierres…”, a-t-elle ajouté.

Pourtant, des figures politiques, à l’image de Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, assurent que les forces de l’ordre ont de leur côté tiré de nombreuses grenades lacrymogènes sur des personnes blessées. D’autres personnes ont même qualifié l’action policière de samedi comme des “violences criminelles”.

Un terme qui provoque l’étonnement de Marie-Laure Pezant, alors que “l’on a des images qui sont très parlantes sur les violences qui ont été commises à l’encontre des forces de l’ordre”. Elle développe en expliquant qu’elle sait que “parmi les manifestants on a certains blessés, je sais que par exemple un manifestant, à priori, a une jambe en très mauvais état. Mais ça ne peut pas être dû à l’usage d’une grenade lacrymogène”. A noter que les gendarmes et les policiers ont aussi utilisé des grenades de désencerclement ainsi que des LBD.

La porte-parole a tout de même tenu à expliquer qu’il y avait un besoin “d’apaiser un peu les débats", en précisant que “la gendarmerie n'est pas là pour agresser les manifestants, elle est là pour faire en sorte de baisser les tensions”. Selon elle, “on a vu les gendarmes qui tenaient une position et qui ne sont pas allés au contact".

Alexis Lalemant