Sexe, pouvoir et trahisons: le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau jugé pour chantage à la sextape

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne le 29 janvier 2024 - JEFF PACHOUD / AFP
Une affaire retentissante jugée à partir de ce lundi 22 septembre: un chantage à la sextape au sein de la mairie de Saint-Etienne. Huit prévenus, dont l’actuel maire (LR) Gaël Perdriau, comparaissent toute la semaine devant le tribunal correctionnel de Lyon. Un dossier rocambolesque dans lequel une partie de l’équipe municipale est accusée d’avoir piégé le Premier adjoint au maire, en le filmant avec un "escort boy".
À l’époque, en 2015, Gilles Artigues, Premier adjoint centriste et allié du maire Gaël Perdriau, se retrouve dans une chambre d’hôtel à Paris, où deux complices lui présentent un prostitué et dissimulent une caméra pour filmer le rapport sexuel.
Un piège destiné à faire pression sur Gilles Artigues, père de famille catholique et conservateur, que le maire de Saint-Etienne et son entourage auraient ensuite menacé plusieurs fois de diffuser publiquement cette vidéo, afin de le brider politiquement.
Le maire toujours en poste
Une machination, mûrement é
laborée et payée 40.000 euros avec l’argent de la mairie, à travers des subventions douteuses à deux associations, d’après les juges. Alors, au cours de l’enquête, plusieurs proches du maire de Saint-Etienne ont avoué et assuré que Gaël Perdriau était au courant de tout. Mais l’élu, qui n’a jamais démissionné, a toujours nié les faits.
Gaël Perdriau, 53 ans, est maire de Saint-Étienne depuis 2014. Entré en politique, à droite, en 1995, cet ancien cadre d'ErDF n'avait auparavant détenu qu'un poste de conseiller municipal. Il a été exclu du parti Les Républicains quand le scandale a éclaté et s'est mis en retrait à la métropole, mais il continue de diriger la Ville.
Il est jugé pour "chantage", "détournement de fonds publics" et "association de malfaiteurs", mais se dit innocent. Selon une expertise psychologique jointe à la procédure, cet homme "solitaire et fragilisé" par cette affaire a "une faible capacité de remise en cause et d'autocritique". Il encourt jusqu’à dix ans de prison.
Les victimes
Gilles Artigues, ancien député centriste, a passé un accord électoral avec Gaël Perdriau pour reprendre Saint-Étienne à la gauche en 2014. S'il lui a laissé la mairie, il prend le poste de premier adjoint. Très implanté localement, il menace de faire de l'ombre au maire.
Père de famille catholique, opposant au mariage homosexuel, il a été filmé à son insu avec un escort-boy dans une chambre d'hôtel parisien en janvier 2015. Il assure avoir été contraint à rentrer dans le rang sous peine de la voir divulguer. Âgé de 60 ans, il a quitté Saint-Étienne pour devenir directeur diocésain de l'enseignement catholique dans le Tarn mais reste 3e adjoint au maire.
Ancien maire UMP-Rad de Saint-Étienne, Michel Thiollière est également partie civile, parce que Pierre Gauttieri a, un temps, aussi envisagé de le piéger, cette fois avec une prostituée mineure, avant d'abandonner l'idée. L'escort-boy, dit "Théo", ignorait qu'il servirait à un piège et s'est également déclaré victime. Âgé de 37 ans, il vit désormais en Irlande.