"Sous l'Ancien Régime, ce délit était puni de la peine de mort par pendaison": le procès Fillon se poursuit dans un contexte tendu
Suspendu dans la foulée de son ouverture lundi, le procès de l'ex-Premier ministre François Fillon et de son épouse Penelope dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de Mme Fillon a démarré mercredi à Paris... avant une nouvelle suspension.
L'audience a été suspendue peu après 15h pour que le tribunal correctionnel délibère sur deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) plaidées par la défense, portant sur les délais de prescription et le délit de détournement de fonds publics.
Penelope Fillon, 64 ans, avait pris place entre ses deux anciens employeurs, soupçonnés de l'avoir rémunérée pour des prestations fictives d'assistante parlementaire: François Fillon, 65 ans, et son ancien suppléant à l'Assemblée, Marc Joulaud, 52 ans, maire de Sablé-sur-Sarthe.
Jeudi, la courte audience s'est consacrée à des débats exclusivement juridiques et non aux débats sur le fond. Mais le ton du procès est déjà donné: "On a été assez naïfs en pensant que la stratégie de victimisation de la défense connaîtrait une pause en cet après-midi juridique", ironise le Parquet financier... Car les plaidoiries des avocats de la défense, juridiques donc, sont ponctuées de piques à l'adresse des magistrats.
En ligne de mire: la rapidité de l'ouverture de l'information judiciaire en 2017, un mois à peine après la révélation de l'affaire.
C'est d'ailleurs l'un de axes de défense de François Fillon: "Des juges désignés un samedi! Un week-end! Je n'avais jamais vu ça!" lance un avocat, un autre critiquant "les fuites organisées, les enquêteurs qui parlent derrière les portes, les pièces transmises à la presse sous le manteau...". "J'y répondrai" pendant le procès, défie le procureur financier.
Pendant ce temps les prévenus, hagards, regardent tantôt le sol tantôt le plafond, soudain réveillés par cette digression historique du Parquet: "sous l'Ancien Régime, ce délit [de détournement de fonds publics] était puni de la peine de mort par pendaison". Ambiance.