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Soutien du pape à Barbarin: pour les victimes du père Preynat, le pape "est mal informé"

Dans un entretien, le pape François a apporté son soutien au cardinal Barbarin, accusé d'avoir couvert plusieurs affaires d'actes pédophiles. Un désaveu pour Bertrand Virieux, victime du père Preynat qui s'est interrogé mardi sur RMC sur les méthodes d'information du pape.

Une démission du cardinal Barbarin serait "un contresens" pour le pape. Dans une interview au journal La Croix, le chef de l'Eglise catholique a pris la défense de l'archevêque de Lyon, soutenant que "le cardinal Barbarin a pris les mesures qui s'imposaient".

Des propos qui désolent Bertrand Virieux, secrétaire de l'association "La parole libérée", qui regroupe les victimes du père Preynat, mis en examen pour des agressions sexuelles de jeunes scouts lyonnais à la fin des années 80. "On est terriblement déçus", confie Bertrand Virieux sur RMC. Il s'interroge sur les éléments reçus par le pape qui lui permettent aujourd'hui de dédouaner le cardinal Barbarin.

"On a la certitude qu'il est mal informé parce que c'est quand même l'une des affaires les plus énormes qui soient en termes de pédophilie dans l'Eglise, avec 67 victimes pour l'affaire Preynat. Il manque d'éléments, parce que laisser un prêtre au contact d'enfants pendant des années avec un passé pédophile, pour un cardinal, c'est pour le moins irresponsable", juge-t-il.

Pas de réponse officielle du pape aux victimes

L'association "La parole libérée" avait pris contact avec le pape par le biais de deux courriers, une demande d'audience avait également été demandée, mais l'association n'a "jamais eu de réponse officielle". "On ne sait pas s'ils ont été lus par le pape lui-même", constate Bertrand Virieux, qui s'interroge sur l'entretien qu'il a accordé au quotidien La Croix.

"Cette réponse via un organe de presse montre qu'il ne s'adresse pas aux victimes. Le mot victime n'apparaît pas dans cette interview et il est fort à propos de se demander si oui ou non l'information est transmise au pape", poursuit-il.

Un constat que partage François Devaux, le président de l'association, qui ne comprend pas pourquoi le pape affiche publiquement sa confiance au cardinal Barbarin. "Le pape François a quand même fait beaucoup de choses pour combattre la pédophilie et quand le pape prône une tolérance zéro, il faut joindre le geste à la parole", tranche-t-il. François Devaux s'interroge également sur les motivations du pape. "Est-ce que sa volonté c'est de protéger l'institution coûte que coûte? C'est très très décevant."

Carole Blanchard avec Aurélia Manoli