Trafic de drogues à Canteleu: l’ex-adjoint de Mélanie Boulanger à la barre

Procès trafic de drogues à Canteleu: l’ex-adjoint de Melanie Boulanger à la barre - Marion Dubreuil
Hasbi Colak gérait un kebab à Canteleu, adjoint au maire depuis 2008, il servait, dit-il, de “relais des quartiers”. Il est aujourd’hui soupçonné d’avoir fait le lien entre la maire dont il a été l’amant et la famille Meziani connue pour trafic de stupéfiants.
“Les deux personnes que vous présentez comme respectueuses et respectables, s’étonne le président sont les frères Meziani, l’un comparait aujourd’hui avec vous, l’autre est mort dans un go fast”.
Le prévenu préfère parler de “respect mutuel” et assure qu’il ne savait pas pour “le trafic de drogues”, n’accordant, prétend-il, aucun crédit aux “on dit” qui mettaient en cause le clan Meziani et son emprise sur la ville de Canteleu.
"Je préfère être bien avec eux”
“À aucun moment, reprend le juge, vous ne voyez le décalage entre leur boulot pizzaiolo et poseur de fibre, dont on peut évaluer le salaire mensuel à 1.500 euros et le fait de rouler dans des voitures à 100.000 euros?”.
Hasbi Colak n’a pas de réponse: “Vos déclarations me font penser aux statues des petits singes”, le tacle le président. “Vous ne voyez pas, vous n’entendez pas, vous ne parlez pas. Vous leur prêtez votre voiture. Vous avez utilisé votre statut d’adjoint pour leur fournir des logements. Vous ne vous dites pas que vous renforcez leur emprise sur la ville?”, demande le juge.
“C’est une grande famille, se justifie le prévenu qui admet à demi-mot la pression des Meziani sur Canteleu. Je préfère être bien avec eux”. “C’est quoi leur pouvoir de nuisance?”, demande le président. “Ils mettront le bronx dans mon commerce, ils le casseront, comme ils casseront la mairie, ils enverront les jeunes”.
“Est-ce que vous ne préférez pas rester à distance, lui demande habilement son avocat qui tente de faire parler son client sans s’opposer frontalement à l’accusation. Car si vous vous mêlez à eux c’est fini”. “C’est ça, répond Hasbi Colak. Je ne veux pas être dans l’illégalité”.
Le prévenu refuse d’aborder sa relation intime avec la maire
“On va évoquer vos relations avec Mélanie Boulanger, c’est le cœur du dossier”, estime le président. Le prévenu refuse d’aborder sa relation intime avec la maire. Le tribunal correctionnel de Bobigny a diffusé les sonorisations d’échanges entre Hasbi Colak et Mélanie Boulanger. L’ex-adjoint prévient la maire que les “grands” sont mécontents de la pose de vidéoprotection. “Le problème des loustics, comme vous dites, était éventuellement de se faire filmer en train de vendre”, l’interroge le président.
“Le fait qu’ils se fassent arrêter, c’est le but de la ville”, rétorque le prévenu.
“Mais les prévenir et leur permettre d’aller dealer 100 m plus loin, c’est les protéger”, tacle le président. “Mais je fais quoi seul dans mon restaurant, sinon, j’appelle la police? Si je ne temporise pas, si je ne les bluffe pas avec ce type de messages. On fait comment?”, s’emporte le prévenu qui finit par lâcher à la barre que s’il bluffe avec les trafiquants, c’est pour assurer sa propre sécurité.