RMC
Police-Justice

Ultradroite: ouverture du premier procès aux assises, pas de huis clos

Statue représentant la balance de la Justice.

Statue représentant la balance de la Justice. - Damien Meyer - AFP

Quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie et soupçonnés de projets criminels sont jugés à partir de ce lundi devant la cour d'assises des mineurs spéciales de Paris. Un procès qui, contrairement à d'habitude, ne se déroulera pas à huis clos.

Le procès de quatre hommes de la mouvance néonazie soupçonnés de projets criminels, notamment contre des mosquées, s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises des mineurs spéciale de Paris, qui a décidé de lever le huis clos.

"La cour considère qu'il importe de lever la publicité restreinte", a indiqué le président Christophe Petiteau, après une brève suspension de cette audience criminelle qui constitue une première pour l'ultradroite.

D'après l'accusation, les hommes, aujourd'hui âgés de 22 à 28 ans, imprégnés de l'idéologie "d'extrême droite néonazie", participaient à un forum privé nommé "projet WaffenKraft" sur lequel leurs discussions avaient "très rapidement dérivé vers l'élaboration de projets terroristes sous l'impulsion d'Alexandre Gilet", le "plus radical et plus motivé" du groupe.

Un des accusés étant âgé de 16 à 17 ans au moment des faits, ils sont jugés devant une cour d'assises des mineurs spéciale, juridiction où les débats se déroulent d'ordinaire à huis clos.

"Une personne vulnérable", selon son avocate

Mais à l'ouverture de l'audience, l'avocat général, Olivier Dabin, a demandé une levée de cette "publicité restreinte des débats", estimant qu'il y avait un "réel intérêt public" à ce que ce premier procès de terrorisme d'ultradroite jugé aux assises et non en correctionnelle puisse se tenir publiquement.

"Il s'agit d'une menace nouvelle, inquiétante, grandissante qui est celle des tueries de masse, inspirée des pays anglo-saxons, qui tendent à être importées sur notre territoire" et l'opinion publique "mérite d'être informée de la réalité de cette menace, de ses modalités d'action, de ses projets", a-t-il argumenté.

Le représentant du parquet national anti-terroriste a aussi fait valoir que l'accusé concerné, Julien (prénom modifié), n'était "pas l'accusé principal" à ses yeux et qu'il ne présentait pas "des aspects de personnalité qui rendent indispensable d'en préserver la divulgation".

L'avocate du jeune homme, Modestie Corde, s'était opposée à cette analyse, indiquant qu'il était "certes majeur" aujourd'hui mais qu'il souffrait de "pathologies" psychiques qui en faisaient "une personne vulnérable". Un procès public l'exposerait "à des représailles conséquentes", avait-elle aussi fait valoir.

Les autres avocats de la défense s'étaient aussi opposés à la levée du huis clos, Fanny Vial, avocate d'Alexandre Gilet, 27 ans aujourd'hui, estimant qu'un procès sans public aurait permis à ces "jeunes majeurs qui ont du mal à s'exprimer sur leur parcours de vie" de mieux "s'expliquer", et Olivia Ronen, avocate d'Evandre Aubert, 28 ans, mettant en garde contre une "tendance à gommer la spécificité du droit des mineurs". Le procès doit durer jusqu'au 30 juin.

La rédaction avec AFP