Un an de prison pour avoir empoisonné deux collègues, il "croyait" que c'était du piment d'Espelette

Voiture de police devant un palais de justice (photo d'illustration) - AFP
Un mécanicien aéronautique a été condamné vendredi à deux ans de prison dont 12 mois avec sursis par le tribunal correctionnel de Nouméa pour avoir empoisonné en 2020 le café de deux de ses collègues de travail qui avaient dû être hospitalisés.
Peut-on confondre des granulés orange hautement toxiques avec du piment d’Espelette? Oui, a voulu démontrer la défense d'un mécanicien aéronautique de 60 ans, jugé pour administration volontaire de substance nuisible avec préméditation.
Produit anti-corrosif
Le 5 octobre 2020, deux salariés d’une société de transport par hélicoptère de Nouméa étaient pris de violents vomissements après avoir bu un café, les conduisant à être hospitalisés. Les analyses ont démontré la présence de granulés de dichromate de potassium, un produit anti-corrosif, dans la cafetière.
Le prévenu, un mécanicien en charge de la maintenance des appareils depuis 31 ans, sans antécédent judiciaire, a reconnu un mois plus tard avoir versé le poison. Le dossier ouvert pour tentative d’assassinat a été confié à un juge d’instruction qui a finalement décidé de renvoyer le technicien, licencié peu après les faits et aujourd’hui à la retraite, devant le tribunal.
" Ça ne ressemble pas à du piment"
"C’était une mauvaise blague, je croyais qu’il s’agissait de piment d’Espelette ou de sel au piment. Je m’excuse auprès des victimes", s’est-il défendu. Le prévenu a fait preuve d'un "humour douteux, mais ce n’est pas un empoisonneur", a renchéri son avocat Frédéric De Greslan, qui a défendu la thèse de l’accident domestique.
"Mon client n'est pas plus coupable que celui qui sert des champignons qui se révèlent toxiques à ses invités", a-t-il plaidé, pots d’épices en main pour démontrer la ressemblance supposée entre le piment d’Espelette et le dichromate. "Ce sont des billes orange, il ne faut pas exagérer ça ne ressemble pas à du piment", a objecté la présidente Estelle Lassaussois.
Un homme "en colère contre le monde entier"
Le mécanicien était connu au sein de l’entreprise pour "ses blagues à la con", selon le témoignage d’un collègue, mais entretenait également des relations difficiles avec son supérieur hiérarchique direct. Son employeur décrit "un homme éternellement insatisfait, en colère contre le monde entier".
En condamnant le mécanicien à un an de prison ferme, le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet, qui avait requis 14 mois de prison avec sursis probatoire.