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"Un cauchemar": le maire d'une petite commune menacé par le youtubeur d'extrême droite Papacito

Pour une banale querelle de voisinage entre un habitant britannique et un éleveur de porcs, le maire d'un petite village de 167 habitants dans le Tarn-et-Garonne est sous protection policière, menacé et ciblé par le youtubeur d'extrême droite Papacito.

C'est une banale querelle de voisinage aux conséquences lourdes. Depuis une semaine, le maire du petit village de Montjoi (167 habitants), dans le Tarn-et-Garonne, vit sous protection policière, menacé depuis quelques mois par le youtubeur d'extrême droite Papacito.

Aux origines, une histoire entre deux administrés, un Britannique installé de longue date, et un agriculteur, arrivé il y a quatre ans dans le village, concernant l’utilisation d’un chemin rural traversant un terrain privé.

"Il y a quatre ans, l'agriculteur s'est aperçu que le chemin rural, qui avait été détourné de la propriété 18 ans auparavant, n'était pas déclassé et s'est donné le droit de le traverser", raconte Christian Eurgal, le maire sans étiquette de Montjoi, dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story

Une première "séquestration"

Avançant sa responsabilité, le maire assure avoir eu le droit de déclasser le chemin dans la foulée, au grand dam de l'agriculteur, qui s'en est alors pris une première fois au maire, l'empêchant de quitter sa mairie, en tentant de l'obliger à signer un document. "Il m'a séquestré, c'est la gendarmerie qui est venue me délivrer", témoigne l'élu. Selon La Dépêche du Midi, l'éleveur de porcs a été condamné en septembre 2022 à 5.000 euros d'amende avec sursis dans le cadre de cette affaire.

L'agriculteur en appelle alors au Youtubeur d'extrême droite Papacito, qui réalise une première vidéo "monstrueuse", où il prend le parti de l'éleveur et s'attaque au maire et au propriétaire britannique. "Voyant que ça ne marchait pas, que je ne démissionnais pas, ils en ont fait une deuxième filmant ma mise à mort", une vidéo déjà vue plus de 520.000 fois sur Youtube.

Depuis, Christian Eurgal vit un cauchemar. Dans les environs de sa petite commune, des inscriptions sur les routes indiquant la direction de son domicile, avec le message accompagné de flèches "Eurgal, fouine de Montjoi", ont été faites à la peinture. "Je vis un cauchemar. Et plus le mensonge est gros, plus ça passe. Ils ont aussi créé une cagnotte qui est montée à 277.000 euros", assure l'élu.

"Ma vie et ma famille en danger"

"Je suis pris entre deux feux. Je vis une vie perturbée, je suis perturbé, ces gens-là ont mis ma vie et ma famille en danger", alerte Christian Eurgal, qui assure que la ministre Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité est au courant et en lien avec lui. "J'attends que mon dossier soit traité par la justice", ajoute le maire.

En attendant, les menaces continuent. Mercredi, la maison du propriétaire britannique a été aspergée de peinture rouge. Cette même semaine, deux jeunes d’une vingtaine d’années ont par ailleurs été condamnés à trois mois de prison avec sursis dans le cadre d'une procédure de plaider-coupable, pour avoir dérobé il y a huit jours le drapeau français accroché au fronton de la mairie de Montjoi, après avoir indiqué avoir vu la vidéo de Papacito.

Le parquet de Montauban assure de son côté que des investigations sont en cours, sans plus de précision. Le maire, lui, reste sous protection de la gendarmerie.

La rédaction de RMC