Un gendarme condamné pour le mauvais usage d'une grenade de désencerclement à Sivens
"A aucun moment je n'ai voulu jeter la grenade à l'intérieur", "je l'ai lancé en me déplaçant, je n'ai pas vu où je la lançais", a affirmé le prévenu à la barre.
Un gendarme a été condamné à 6 mois de prison avec sursis, mardi à Toulouse, pour avoir blessé par un jet de grenade de désencerclement une opposante au projet de barrage à Sivens (Tarn).
Une condamnation assortie d'une interdiction de porter une arme mais moins sévère que les réquisitions du procureur Pierre Couttenier qui avait requis 8 mois avec sursis. "Il n'y avait pas de menaces, c'était une erreur de ma part", a reconnu à la barre le gendarme de 49 ans, accusé d'avoir jeté une grenade à l'intérieur d'une caravane où se trouvait la victime.
Jugé devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT de 15 jours avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique", ce maréchal des logis chef de Gaillac avait soutenu durant l'enquête s'être senti menacé.
"Vous n'êtes pas auteur d'une négligence, d'une imprudence ou d'une inattention. Vous avez volontairement fait usage d'une arme, vous avez commis un acte de violence", a tonné dans son réquisitoire Pierre Couttenier.
Dans sa plaidoirie, l'avocate de la partie civile, Me Claire Dujardin, a considéré que l'utilisation de cette arme en dehors "du cadre légal" était "une faute très grave pour un professionnel". L'avocate a annoncé qu'elle visait, au delà de la faute individuelle, la mise en cause dans une procédure ultérieure "de la responsabilité de l'Etat".
Les faits s'étaient déroulés en octobre 2014 trois semaines avant la mort, sur le même site, de Rémi Fraisse, militant écologiste de 21 ans tué par une grenade tirée par un autre gendarme lors d'une manifestation.
Aujourd'hui âgée de 29 ans, la victime, qui a requis l'anonymat, avait été blessée à la main en voulant jeter le projectile hors de la caravane. Elle avait indiqué avoir pensé qu'il s'agissait d'une grenade lacrymogène.