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Violences et bavures, faux procès-verbaux, manque de formation... un journaliste raconte ses deux années d’infiltration dans la police

Dans son livre "Flic", paru jeudi, un journaliste raconte ses deux années d'infiltration dans la police parisienne, à partir de septembre 2017, faites de violences et d'insultes racistes et homophobes, mais aussi de manque de moyens, de suicides et de mal-être des troupes.

Après 3 mois de formation et 15 mois dans une structure psychiatrique, sans arme, le journaliste de profession intègre un commissariat de la capitale en tant qu'adjoint de sécurité (ADS). Il a désormais un pistolet la ceinture, mais ne semble pas vraiment prêt: "La veille de rentrer au commissariat je suis allé sur Youtube pour trouver un tuto m’expliquant comment l’on met en service mon arme parce qu’en 15 mois, j’avais oublié".

"En trois mois, je me suis retrouvé avec une habilitation pour porter une arme de service sur la voie publique à la ceinture. Je n'avais jamais touché une arme avant", explique-t-il.

Et dès son arrivée, le journaliste infiltré est confronté à un quotidien très violent : "Le premier jour, je suis stupéfait. Un gardé à vue qui demande a allé aux toilettes est frappé par un policier". Un peu plus tard, il assiste à une bavure policière.

"On est appelé parce que des adolescents ont mis de la musique trop fort sur une enceinte amplifiée. Un des adolescents est frappé dans la voiture et tabassé au commissariat. J’ai participé à la rédaction d’un faux procès-verbal. On ne balance pas dans la police", précise-t-il à RMC.

"La violence des conditions de travail endurée par les policiers"

Aujourd'hui, le journaliste dit avoir souhaité comprendre et expliquer le mal être dans les rangs de la police: "D’un côté, vous avez des violences policières et de l’autre celui de la violence des conditions de travail endurée par les policiers. Être policier aujourd’hui dans le 19e arrondissement de Paris, c’est quelque chose d’extrêmement compliqué".

"En trois mois, j'ai eu trois heures de cours sur les violences conjugales. Vous avez une heure de théorie et les deux heures restantes vous regardez un film.C'est un peu court surtout quand vous savez qu'au quotidien, la majorité des interventions se passent dans le cadre de ce type de violence", dénonce Valentin Gendrot.

Du côté des forces de l'ordre, certains syndicats dénoncent un livre mensonger et des méthodes douteuses, dont le but est de déstabiliser la police. De son côté, la préfecture de police de Paris a annoncé jeudi dans un communiqué avoir signalé au procureur de la République des faits de violences dans un commissariat de la capitale rapportés par le journaliste.

"Afin d'établir la véracité des faits relatés dans ce livre et relayés par les médias, et à la demande du Ministre de l'Intérieur, le préfet de Police, Didier Lallement, les a portés à la connaissance du Procureur de la République et a saisi parallèlement à titre administratif l'Inspection Générale de la Police Nationale", ajoute la préfecture dans son communiqué.
Rémi Ink (avec Guillaume Dussourt)