Vitraux du prêtre pédocriminel Louis Ribes à Givors: le maire écrit au pape, les victimes en colère

Il se faisait surnommer le “Picasso des églises”. Pendant près de 40 ans, entre les années 1950 et 1990, Louis Ribes, prêtre à Givors, invitait des enfants dans son atelier pour les violer et s’en inspirer pour créer des vitraux. Mort il y a près de 30 ans, ses actes ont été reconnus par l’Église. De lui, il reste aujourd’hui ses productions. A la demande des victimes, ses vitraux ont été retirés partout, sauf à Givors, dans la région de Lyon.
Le maire divers gauche de la ville, Mohamed Boudjellaba, refuse de se prononcer. Sa conviction personnelle est que les vitraux doivent rester car il faut "distinguer l’œuvre de l’artiste". Mais "à ce stade, aucune décision définitive n’a été prise", précise-t-il. C’est pourtant le seul à pouvoir décider de les enlever. La chapelle date d’avant 1905, elle appartient donc à la commune.
"C'est cracher à la figure des victimes"
Depuis notre premier reportage, la semaine dernière, le maire a écrit une lettre au pape. Il demande au chef de l’Eglise catholique son avis sur les vitraux. Un geste absurde et déplacé selon les victimes de Louis Ribes, comme Annick qui explique avoir été "un peu choquée" en apprenant pour cette lettre. "C'est le seul qui a le pouvoir de faire déposer ces vitraux et là, il écrit une lettre au pape".
"Nous ne sommes pas, nous victimes, citoyens du Vatican, mais des enfants de la République. C'est pour se dédouaner de cette affaire que le maire fait ça: c'est quelque part, cracher à la figure des victimes", estime-t-elle.
RMC a contacté les services du Vatican, sans réponse. Le diocèse de Lyon est lui favorable au retrait des vitraux et a déjà proposé de financer la dépose, si la mairie lui en fait la demande. Seulement, il attend toujours que l’élu lui donne rendez-vous.
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Le maire demande un débat au ministère de la Culture
Le maire de Givors appelle aussi à participer à un débat sur l'avenir des productions d’artistes criminels. Faut-il séparer l’homme de l’artiste? L’élu cite aussi bien des cinéastes, des écrivains, des peintres, condamnés ou accusés, tantôt de pédocriminalité, tantôt d’antisémitisme. Le maire a demandé au ministère de la Culture d’organiser ce débat.
Nous avons contacté le ministère pour leur demander leur avis sur cette question. Leur réponse tient en une phrase: “Le ministère n’est pas compétent pour rendre un avis ni intervenir dans le choix de la commune, propriétaire de l’édifice”.
Une énième violence pour Arnaud Gallais, co-fondateur de l’association Be Brave France, qui accompagne les victimes de Louis Ribes, qui juge que "la réponse du ministère de la Culture est une réponse de déni".
"On ne peut pas se couvrir en disant ce n'est pas notre périmètre d'intervention. On a un diocèse qui est favorable, des victimes qui demandent. Ce qui bloque, c'est la volonté politique, la position d'élus de la République donc l'État."
Arnaud Gallais a lancé une pétition en ligne pour demander le retrait des vitraux et a déjà recueilli 6.000 signatures en une semaine. Son association et les victimes de Louis Ribes vont organiser une manifestation devant la Mairie de Givors le 7 mai, dans l’espoir de faire bouger l’élu.
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