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Week-end portes ouvertes dans les mosquées: "Un symbole important"

La mosquée de Paris.

La mosquée de Paris. - Reuters

A l'initiative du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) après les attentats de novembre, de nombreuses mosquées ouvrent leurs portes ce week-end sur tout le territoire et invitent les Français à un "thé de la fraternité". Si l'initiative ne fait pas l'unanimité, les organisateurs espèrent toutefois (re)nouer le dialogue et combattre les préjugés sur l'islam, un an après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Voir, comprendre, échanger et dissiper les malentendus. Les mosquées de France ouvrent leurs portes ce week-end. Les Français sont invités à un "thé de la fraternité", proposé par le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). L'initiative a été prise après les attentats du 13 novembre, revendiqués par Daesh, et alors que l'on commémore les victimes des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Des dizaines, voire des centaines de mosquées dans toute la France vont participer à cette opération d'une ampleur inédite. L'objectif de ces journées: défendre un islam de "concorde" et lutter contre les amalgames dans un pays ébranlé par les attentats jihadistes.

Ce "thé de la fraternité" prendra diverses formes, le samedi et/ou le dimanche : partage de boissons chaudes et de pâtisseries, visites guidées, débats, ateliers de calligraphie ou encore invitation à assister aux cinq prières quotidiennes.

"La mosquée est un lieu de partage"

RMC s'est rendue en Seine-et-Marne, dans la banlieue parisienne, où une quinzaine de mosquées membres de l’Union des associations musulmanes de Seine-et-Marne (UAM77), sur les 28 fédérées par l'association, seront ouvertes à tous les publics, y compris et surtout aux non-musulmans.

A la mosquée El Nour de Melun, on se réjouit de l'opération. "Je pense que c'est très bien, pour que le non-croyant ou celui qui croit à n'importe quelle religion puisse découvrir la religion musulmane. C'est une bonne initiative". La mosquée accueille chaque jour jusqu'à une centaine de fidèles, un millier même pour les prières du vendredi. Mourad Salah, qui préside l'association des musulmans du Mée-sur-Seine, commune voisine de Melun, est un habitué des lieux. Il estime que "symboliquement c'est important, un an après les évènements" d'ouvrir les portes de la moquée, "pour rappeler que la mosquée c'est un lieu pour tous, un lieu de partage". " Elle fait partie du vivre-ensemble dans le pays qu'est la France. Les mosquées sont des lieux de pacification, de moralisation, d'éducation et c'est tout le contraire de la radicalisation".

"On fait tout pour essayer de renouer un peu le dialogue"

"Nous voulons surtout passer un message de paix, d'entente et de respect", poursuit Boujema Hammach, qui gère la mosquée de Melun, depuis 2003. "On fait tout pour essayer de renouer un peu le dialogue, et pour éviter que ne soit fait l'amalgame" entre Daesh et l'islam, entre les musulmans et les terroristes. Pour Laïd Bendidi, président du Conseil Régional du Culte Musulman en Rhône-Alpes, cet événement permettra de lutter contre les préjugés. "Le but c'est d'ouvrir un dialogue avec la communauté française toute entière. C'est pour ça qu'il faut que les gens viennent à la mosquée pour voir ce qu'il s'y passe, s'y fait. Je sais qu'à chaque fois que j'organisais une journée porte ouverte, les gens venaient avec plaisir, avec femme et enfant, autour d'un thé, dissiper des malentendus. Ces initiatives sont à redoubler dans toutes les mosquées".

"Nous n'avons rien à justifier"

L'appel de Laïd Bendidi n'a pas été entendu puisque toutes les mosquées de France (2.500 en France en comptant les lieux de culte) ne participeront pas aux journées portes ouvertes. C'est le cas des lieux de culte de Tours et de son agglomération. Salah Merhabti, vice-président du Conseil Régional du Culte Musulman pour la région Centre rappelle que "les mosquées sont tout le temps ouvertes de midi jusqu'à 22h, donc nos voisins viennent nous voir quand ils veulent et sont toujours les bienvenus". Pour lui, cette initiative n'a pas lieu d'être : "Je ne comprends pas pourquoi il y a un évènement spécial pour justifier ce que nous n'avons pas à justifier. Je ne me sens pas coupables. Nous sommes des citoyens comme les autres et nous devons être traités à égalité des autres confessions".

De toute façon, l'objectif du CFCM n'a jamais été d'ouvrir la totalité des mosquées. "Notre objectif n'est pas de réunir 100% des mosquées - il ne faut pas être trop ambitieux pour une première opération de cette nature -, mais que cela concerne l'ensemble du territoire national sur un week-end", avait prévenu son président Anouar Kbibech. Un pari en passe d'être réussi.

P. Gril avec A. Bouïtcha et V. Voldoire