Police: "On est passé de Maigret aux Experts sans les moyens nécessaires"

- - AFP
Après les attentats terroristes qui ont fait 17 morts la semaine dernière, certaines questions commencent à se poser. Notamment celle du fonctionnement de la justice et de la police.
Le procureur de Grenoble a déclaré vendredi qu'il faut plus de moyens pour lutter contre le terrorisme et la criminalité.
"On est passé d'un coup de Maigret aux Experts de l'inquisitoire au contradictoire, sans les moyens nécessaires", a déclaré vendredi le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat.
Patrice Ribeiro est secrétaire général du syndicat Synergie Officiers, constate très concrètement le manque criant de moyens pour lutter contre le terrorisme: "Les budgets sont en baisse sur tout. Que ce soit les véhicules, les munitions: un policier a le droit de tirer 60 munitions par an, en région parisienne, on a réduit à 30 munitions. Quand on doit se battre contre des gens qui ont des kalachnikovs on est vraiment en dessous. Nous avons du retard sur le matériel, sur l'emploi des forces. Aujourd'hui il faut des mesures d'urgence: à force d'avoir paupérisé tous ces services, il y a des manques criants pour répondre à la demande de nos concitoyens".
"80% du temps à remplir la paperasse"
Le procureur a aussi critiqué la procédure française en droit pénale, trop lourde selon lui. La "multiplication des pièges procéduraux" pèse sur les dossiers selon le magistrat isérois. Il a dit craindre une justice "désarmée".
Nicolas Comte est secrétaire général adjoint du syndicat SGP-POLICE FO, confirme aussi la lourdeur administrative française: "Il y a 20 ans dans une garde à vue, 20% du temps de la garde à vue était occupé à faire de la procédure et le reste du temps à mener des investigations. Aujourd'hui 80% du temps de la garde à vue c'est remplir de la paperasse et faire de la procédure. Aujourd'hui, la chaîne judiciaire dans la police nationale est totalement submergée, donc il faut impérativement remettre à plat toute la procédure pénale de manière à pouvoir rendre à nouveau efficace, tout en ayant des droits de la défense garantis, l'ensemble de la chaîne judiciaire".