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2012: La campagne la plus navrante de la Ve République

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC. - -

À 100 jours du 1er tour de la présidentielle, les attaques se sont multipliées entre les partisans de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. Aucun débat d'idées. Bref, la campagne la plus navrante depuis longtemps.

Des invectives, des agressions, des malhonnêtetés, il y en a eu dans toutes les campagnes. Il faut se rappeler les horreurs qu’a subies Jacques Chaban-Delmas en 1974, la sauvagerie des attaques entre François Mitterrand et Jacques Chirac en 1988, ou les scandales (vrais ou fabriqués) qui poussaient comme des champignons en 1995, au point que Charles Pasqua parlait d’une campagne « dégueulasse ». En 2002, le très urbain Alain Juppé accusait les socialistes de « remuer la merde » ! Vous voyez qu’on a connu pire. Ce qui est différent cette année, et qui favorise la focalisation sur les incidents et les querelles de personnes, c’est qu’il n’y a aucun débat d’idées entre les principaux candidats – et que les autres sont marginalisés. Nous avons un trop plein de candidats et un grand vide dans les projets. Donc ces escarmouches sont comme des mirages dans le désert. On ne voit que ça mais ce n’est pas la réalité…

La crise: fausse bonne excuse des candidats pour ne pas se dévoiler

La crise a bon dos. Les Français attendent des candidats qu’ils aient des solutions face à la crise et pas seulement une capacité de réaction face aux catastrophes. Sinon, comment choisir ? La réalité, c’est que François Hollande et Nicolas Sarkozy savent que les décisions à prendre seront très dures et que, comme ils ne veulent pas mentir – ce qui est un progrès démocratique – ils préfèrent se taire. Plus précisément, François Hollande critique ce qu’a fait Nicolas Sarkozy et Nicolas Sarkozy caricature ce que ferait François Hollande. D’ailleurs, François Bayrou ne dit presque rien non plus. Et Marine Le Pen en est toujours aux grandes incantations (même si hier, elle a ajouté des chiffres en face des mots). Tout ça fait une « drôle de campagne » comme il y a eu la « drôle de guerre » en 1939 : une guerre de position, sans mouvement – je ne dis pas ça parce qu’elle s’est vite soldée par une déroute contre l’Allemagne…

À quand de vraies propositions ?

François Hollande est censé préciser son projet le 22, mais ses partisans préviennent déjà qu’il ne faut pas s’attendre à un feu d’artifice. Et Nicolas Sarkozy avait prévu de se déclarer fin février mais son entourage évoque maintenant le début mars – en soulignant que François Mitterrand, en 88, avait attendu le 22 mars : un mois à peine avant le 1er tour ! On attend aussi un énième livre de François Bayrou (mais comme il les écrit lui-même, il a toujours du retard). Mais il est probable que si on fait la somme de tout ce que les candidats finiront par proposer, on n’arrivera pas à 110 propositions comme Mitterrand en 1981 !

Deux favoris, deux «troisième homme»

Pour l’instant oui mais c’est en effet l’autre particularité de cette campagne. D’ordinaire, il y a deux poids lourds et un 3è homme. Cette fois, on a deux 3è hommes – dont une femme. Et peut-être en réalité, quatre favoris dont on peut raisonnablement penser qu’ils peuvent chacun atteindre le second tour, ce qui rend l’incertitude, la volatilité de cette campagne encore plus grande. Le problème, c’est que pour l’instant, ce quatuor n’a vraiment rien d’un carré d’as.

Écoutez le "Parti Pris" d'Hervé Gattegno de ce Vendredi 13 Janvier 2012:

Hervé Gattegno