Affaire DSK : Martine Aubry n'a pas le choix

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -
Martine Aubry n’a plus le choix : sa candidature n’est plus une option, c’est une obligation. Pourquoi ?
Pour une raison essentielle : elle apparaît la seule qui soit en situation de garantir l’unité du PS dans cette période cauchemardesque. Avec DSK dans leur jeu, les socialistes partaient favoris pour la présidentielle ; ils pouvaient s’offrir le luxe de quelques divisions. Sans lui, ils sont obligés de serrer les rangs. Martine Aubry a la légitimité pour organiser ce rassemblement : parce qu’elle est premier secrétaire, parce qu’elle a réussi à redresser le PS depuis trois ans, et parce qu’elle est en mesure – beaucoup plus que François Hollande, d’obtenir le soutien des principaux leaders du parti.
Plusieurs dirigeants socialistes ont dit hier que Martine Aubry était le « symbole du rassemblement ». Ça ne pourrait pas être François Hollande ?
C’est vrai qu’il est maintenant bien installé dans les sondages. Et comme l’Elysée a tout fait pour accréditer l’idée qu’il était un prétendant très dangereux, ça lui a profité. Le problème, c’est qu’au sein du PS, il n’y a pas grand monde pour croire qu’il puisse battre Nicolas Sarkozy en 2012 – or c’est bien ça le plus important. Contre DSK, Hollande se posait en candidat sans défaut. Maintenant, il ne peut plus espérer qu’être candidat… par défaut. Et plus il apparaîtra favori, plus il y aura de candidats à la primaire. Donc plus de risques de division. C’est un argument que les partisans d’Aubry vont forcément mettre en avant. Donc si elle est un symbole du rassemblement, c’est le rassemblement anti-Hollande !
Est-ce que ça signifie que le principe de la candidature de Martine Aubry est acquis ?
Je crois que oui. On s’est beaucoup interrogé sur son désir d’être candidate à la présidentielle depuis deux ans. Je crois vraiment qu’elle s’était résolue à se ranger derrière DSK parce qu’elle ne fait pas partie de ces politiques qui sont habités par l’obsession présidentielle. Maintenant, il est clair que c’est son devoir d’être candidate. Si elle ne l’annonce pas tout de suite, ce n’est pas parce qu’elle hésite, mais parce que la décence l’oblige à attendre que le sort de DSK soit précisé – en tout cas sur le plan politique. Il y a aussi un argument plus psychologique en faveur de ce scénario : compte tenu du traumatisme causé par l’affaire DSK dans les rangs du PS et dans l’opinion, certains pensent qu’une femme serait plus apte à laver le soupçon qui entache aujourd’hui la réputation des socialistes.
Un sondage montre que la 1ère secrétaire part en tout cas avec beaucoup de retard sur François Hollande…
C’était assez logique puisque jusqu’à présent, elle n’était pas en campagne – contrairement à lui. Elle avait même tout fait pour qu’on comprenne qu’elle s’effacerait devant DSK. A partir du moment où elle se lancera, elle peut espérer combler ce handicap. Et puis s’il y a un 2ème tour à la primaire face à Hollande, elle devrait bénéficier d’un report massif de tous les autres candidats. Ça, c’est un point qui peut faire réfléchir Hollande. Peut-être même le faire fléchir. Donc hier, quand Martine Aubry a appelé les socialistes à l’unité, la responsabilité et la combattivité, on peut penser qu’elle décrivait son propre état d’esprit.
Ecoutez «le parti pris» de ce mercredi 18 mai avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC :