RMC
Politique

Après un court bail à Matignon, Gabriel Attal veut continuer à "tisser" un "lien" avec les Français

Le Premier ministre sortant Gabriel Attal réagit lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l'hôtel Matignon à Paris, le 5 septembre 2024.

Le Premier ministre sortant Gabriel Attal réagit lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l'hôtel Matignon à Paris, le 5 septembre 2024. - STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP

Gabriel Attal, remplacé ce jeudi 5 septembre par Michel Barnier, a fait part de sa frustration après son bref mandat à Matignon, souhaitant que son successeur "transforme l'essai" des chantiers engagés.

Resté 8 mois à Matignon, l'ambitieux Gabriel Attal, remplacé jeudi par l'ancien ministre de droite Michel Barnier, se projette déjà sur la suite, avec la présidentielle dans le viseur, fort d'une popularité qui a peu faibli et de la conquête de son camp, de l'Assemblée nationale au parti.

Il a promis jeudi de "continuer" à "tisser" le "lien" qui l'unit aux Français, dans un message posté sur X, avant leur dire "combien (il) les aime" dans son discours de passation.

Ce qu'il faut retenir de son discours

Sans cacher sa "frustration" après son bref mandat à Matignon, il a souhaité que son successeur "transforme l'essai" des chantiers engagés. Il dit avoir laissé tous les textes en suspens sur son bureau et notamment qu'il puisse "continuer à faire de l'école une priorité absolue" car "c'est l'assurance-vie de la République".

Après avoir brièvement remercié Emmanuel Macron, qui ne l'avait pas consulté sur la dissolution, le désormais chef de file des députés Renaissance a estimé que la politique française était "malade" mais que "la guérison était possible" à condition de sortir du "sectarisme", et des "coups politiques". Parti à pied de Matignon pour rejoindre l'Assemblée nationale, Gabriel Attal devait présider en soirée une réunion du groupe des députés de son camp.

Suivez notre direct.

"Gourmand"

"Jeune et talentueux, Gabriel Attal fait partie de ceux à qui on pense pour l'avenir", témoigne un soutien, même si la prise de la présidence du groupe des députés macronistes, "à la hussarde", et ses visées sur le parti "ne lui créent pas que des amis".

Avec la casquette de député, le Premier ministre démissionnaire a passé cet été de longues heures à l'Assemblée pour consolider ce groupe très éprouvé par la dissolution mais qui a apprécié son investissement dans la campagne des législatives.

Non sans faire grincer quelques dents. "Quand vous avez des ambitions, vous avez forcément des adversaires", ajoute le même allié. Au-delà de l'Assemblée, Gabriel Attal aurait aussi des visées sur le riche parti Renaissance, aussi brigué par sa prédécesseure Élisabeth Borne, elle-même soutenue par d'autres poids lourds de la macronie, dont l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Attal est très gourmand, il profite du moment", résume un responsable du parti. "Mais à un moment il aura quand même besoin de soutiens, de faire une équipe s'il veut faire une écurie présidentielle", met en garde le même responsable, qui lui reproche de ne "pas jouer collectif".

"Il veut tout contrôler", grince une ministre. Lors d'une réunion de la direction du parti début août, Gabriel Attal n'a pas obtenu d'accélération du calendrier pour avancer la date du congrès, qui aurait pu faciliter son élection à la tête du mouvement.

51 jours démissionnaire

Il soigne depuis ses arrières: il a vu la ministre Aurore Bergé qui soutenait l'idée d'une direction collégiale du groupe, et rencontré la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, dont la réélection avait suscité des remous dans le camp macroniste.

Gabriel Attal ne détient pas le record du mandat le plus court rue de Varenne, qui revient à l'ex-socialiste Bernard Cazeneuve (5 mois). Néanmoins le plus jeune Premier ministre de la Ve République s'est trouvé, à 35 ans, dans une situation inédite: celle d'avoir été démissionnaire pendant 51 jours, du jamais vu.

Cet été, il a ainsi alternativement endossé le costume de Premier ministre chargé des affaires courantes pendant les Jeux olympiques, et celui de chef de groupe préparant un "pacte de coalition".

Coupé dans son élan par la dissolution, sur laquelle Emmanuel Macron ne l'a pas consulté, Gabriel Attal assure s'être "battu corps et âme pour éviter le pire" aux législatives, soit une victoire de l'extrême droite, en prenant la direction de la campagne et en prônant le front républicain face au Rassemblement national.

Le camp présidentiel a évité ainsi la déroute: l'ex-majorité, avec ses trois composantes Renaissance, MoDem et Horizons, a perdu certes une centaine de députés mais s'est hissée contre toute attente à la deuxième place derrière la gauche et devant le RN.

Gabriel Attal a aussi pris ses distances avec Emmanuel Macron. Et en partant de Matignon, il a souligné combien la "liberté" lui tenait à coeur.

C.A avec AFP