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Barnier en tête du premier tour de l’élection législative partielle à Paris: "le retour des dinosaures"

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Dimanche dernier, l’ancien Premier ministre Michel Barnier et la socialiste Frédérique Bredin se sont qualifiés pour le second tour d’une législative partielle à Paris. Et pour Arthur Chevallier, cette élection, ça prouve qu’en politique, rien n’est jamais perdu.

À ma droite, Michel Barnier, député pour la première fois il y a 47 ans. À ma gauche, Frédérique Bredin, députée pour la première fois il y a 37 ans. C’est plus une élection, c’est un combat de dinosaures. Car oui, en France, les politiques survivent à tout.

Le cas De Gaulle

C’est quelques chose de particulièrement français, et si personne ne s’avoue jamais vaincu, c’est parce qu’un homme a prouvé que tout était possible. Cet homme, c’est le Général de Gaulle. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient président du gouvernement provisoire. Et contre toute attente, il claque la porte en 1946. C’est le début d’une traversée du désert. Reclus chez lui, en Haute-Marne, de Gaulle attend son heure. Et ça sera long. Douze ans plus tard, la guerre d’Algérie éclate, c’est la crise. De Gaulle revient. Et en 1959, il est élu président de la République. Il a 69 ans.

Il a montré que c’était possible de revenir à n’importe quel âge. Mais ça ne marche pas à tous les coups. N’est pas de Gaulle qui veut. Giscard d’Estaing s’en souvient. En 1974, c’est le plus jeune président de la Vᵉ République, 48 ans. Brillant, plein d’énergie, il dépoussière la France. Mais sept ans plus tard, il perd contre François Mitterrand. Giscard passera sa vie à essayer de revenir. Et il nous a tout fait: une retraite dans un monastère en Grèce, aller se faire élire en Auvergne, tout pour montrer que oui, il avait changé. Mais rien n’a marché.

Lionel Jospin et Alain Juppé

À gauche, on a des cas similaires. Un cas qui s’appelle Lionel Jospin. En 2002, il ne passe même pas le premier tour de la présidentielle. Le soir même, il déclare qu’il se retire de la politique. Classique. Mais apparemment, c’était pour rire. Puisqu'en 2007, à 70 ans, il change d’avis. Un an avant la présidentielle de 2007, il se déclare “capable d’assumer la charge de chef de l’État”. Mais les sondages étaient trop mauvais. Il a renoncé.

Donc depuis de Gaulle, ça marche quand même moyennement. Et parfois, ça marche un peu, mais pas suffisamment. C’est le cas d’Alain Juppé. En 2004, il est condamné à de la prison avec sursis. Alors, il s’exile au Canada plusieurs années. Mais il revient. Et ça marche, il redevient ministre. Sa popularité explose. Il caracole en tête des sondages pour la présidentielle de 2017. Juppé nous fait une remontada fulgurante à 71 ans. Finalement, il ne passera même pas le cap de la primaire, puisqu’il se fera coiffer au poteau par François Fillon.

Emmanuel Macron a rajeuni la classe politique de façon fulgurante. Mais regardez nos derniers Premiers ministres. Michel Barnier et François Bayrou avaient tous les deux 74 ans. L’âge n’est la preuve de rien. Gardons en tête que Winston Churchill a gagné la Deuxième Guerre mondiale à… 71 ans!

Arthur Chevallier