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Barnier rassure Le Pen et recadre Armand: tensions au gouvernement, crispations à l’Assemblée

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Le recadrage du ministre de l’Economie Antoine Armand par le Premier ministre Michel Barnier, après qu’il a estimé que le RN ne faisait pas partie de l’arc républicain, provoque des crispations dans les rangs de l'ex-majorité présidentielle.

C'était l'exigence numéro 1 d'Emmanuel Macron: le Premier ministre devait conduire un "gouvernement de rassemblement". Réunir donc les ennemis d'hier et sans doute encore d'aujourd'hui… "On peut dire que ça commence mal" souffle un poids lourd du camp présidentiel.

Premier couac pour Michel Barnier: son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau réclame à celui de la Justice, Didier Migaud, une réponse pénale plus stricte. Immédiatement, le garde des Sceaux lui rappelle que la justice est indépendante.

Deuxième couac: le ministre de l'Economie Antoine Armand ne veut pas ouvrir sa porte au RN et estime qu'il ne fait pas partie de l'arc républicain. Michel Barnier téléphone à Marine Le Pen pour la rassurer et recadre son ministre. "Ça ne peut pas être Le Pen claque des doigts et Barnier dégomme" s'agace une députée macroniste, comme beaucoup d'autres.

"On ne peut pas donner l'impression qu'on fait plaisir à Marine Le Pen"

Un incident qui crispe donc un peu plus le bloc central… Un recadrage du ministre de l'Economie, et pour couronner le tout, un appel de Michel Barnier à Marine Le Pen, c'en est trop pour le député Modem Erwan Balanant: "Appeler Madame Le Pen pour dire ‘je m’excuse si j’ai un ministre de l’Economie qui vous aurait blessée’, ça me choque".

Un autre député macroniste est lui aussi irrité: "On ne peut pas donner l'impression qu'on fait plaisir à Marine Le Pen". Erwan Balanant va plus loin, et demande une clarification au Premier ministre: "Que le Premier ministre nous dise qu’il a un accord programmatique avec le RN. Dans ce cas-là, ça ne se passera comme ça pour notre famille politique".

Menace de censure

En revanche, ce rétropédalage du gouvernement est on ne peut plus normal pour le député du Rassemblement national Kevin Mauvieux, qui salue la réaction rapide de Michel Barnier. "On a toujours dit que le gouvernement Barnier était sous surveillance du RN, des électeurs, du peuple français, souligne-t-il. Pour l’instant, on n’est que sur des paroles malheureuses. Mais s’il y a des actes malheureux derrière, on l’a déjà à plusieurs reprises, on ne se privera pas d’une censure."

La menace plane toujours. Et pour les députés de gauche, c'est la preuve que Michel Barnier et son gouvernement sont dans la main de Marine Le Pen. Le Premier ministre est donc déjà contraint de battre le rappel: unité et discipline. Face à une majorité aussi faible qu'éclatée et une menace permanente de censure, le chemin est étroit. Et sa survie en dépend.

LP avec Cyprien Pézeril et Romain Cluzel