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Bonne nuit les centristes...

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn.

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn. - -

Grande réunion de la famille centriste hier mardi soir à Nice, pour leurs journées parlementaires. En vitrine, un grand diner de famille, sympathique, avec le grand frère UMP venu aider. Mais en coulisses, on nous a plutôt rejoué Le Parrain...

Ça ressemblait à une belle photo de famille. A un grand banquet républicain. Le centre droit était réuni hier mardi soir. Et fort bien accompagné : l’UMP, le grand frère, avait mis la main à la pâte. En prêtant par exemple les chauffeurs et les colleurs d’affiches. Le petit frère centriste a été fêté dignement. Pas moins de huit ministres UMP avaient fait le déplacement, à commencer par le Premier ministre en personne, François Fillon. Et puis Jean-Louis Borloo aussi, le premier-ministrable. Oui mais attention : ça, c’est pour la galerie, pour la photo, pour le 20 heures. Car le petit frère veut s’émanciper, présenter un candidat à la Présidentielle. Hervé Morin, notamment, y pense en se rasant. Et là, ça ne va plus.

Le Nouveau Centre version Hervé Morin, ça ne doit pas être - dans l’esprit de Nicolas Sarkozy -, le Modem de François Bayrou. Le Nouveau Centre, ça doit faire joli dans la grande famille de la droite réunie, mais ça ne doit pas s’émanciper. Alors en coulisses, dans les cuisines de la grande fête d’hier soir, c’était une autre ambiance. L’ambiance, c’était plutôt "la Pizzeria des 4 frères", des 4 pizzaiolo de la Côte d’Azur, dont Le Parisien parlait hier : Estrosi, Ciotti, Mariani et Luca. Tenez, regardez bien dans la salle, là autour de la table tout à droite. Eric Ciotti et Christian Estrosi étaient bien là, en régionaux de l’étape et pour surveiller que tout se passait bien. Et puis là, regardez au centre. Le parrain, euh pardon, le Premier ministre.

François Fillon était venu faire le travail lui-même

« Certains d'entre vous s'interrogent déjà sur l'élection présidentielle. Je leur demande de
prendre le temps de la réflexion. Parceque ce rendez-vous est encore loin. Et les français sont toujours très sévères vis-à-vis de ceux qui précipitent les échéances. Il ne sert a rien de vouloir faire vivre à tout prix le centre, si c'est pour nous voir, au bout du compte, échouer collectivement ».

Résultat, ça ne rigolait pas hier soir à Nice. Parceque ce qui est en jeu, c'est la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012. Donc exit Hervé Morin. Pas question qu'il soit le Jean-Pierre Chevènement de Nicolas Sarkozy. Pas question qu'il lui prenne des voix au premier tour. Pas question non plus qu'il soit un Bayrou bis. Il n'a pas été nommé ministre pour être candidat à la présidentielle, mais pour incarner un centre docile. Hervé Morin a bien senti que le grand parrain, euh pardon le président de la République, l'avait dans le collimateur. « Je η'arrive plus à attraper le regard de Sarkozy en conseil des ministres, il m'ignore. Il ne me calcule même plus ». Et Jean-Louis Borloo, au fait ? Ah, Jean-Louis Borloo c'est une grenade anti-centre à double détente. Première détente: il peut aller à Matignon pour incarner le centre justement, pour rassurer les électeurs modérés, pour les faire rêver. Et les endormir. Et puis il peut aussi servir à faire croire qu'il sera le candidat du centre en 2012, pour dissuader les autres d'y aller. Et, évidemment, pour renoncer au dernier moment. « Moi je porte des rêves », leur a dit hier soir Jean-Louis Borloo. Bonne nuit les petits centristes.

Christophe Jakubyszyn