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Budget de l'Elysée et du Parlement en hausse: "La sobriété, ce n'est pas notre truc"

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Alors que l'Etat est à la recherche d'économies, le budget de l’Elysée, de l'Assemblée nationale et du Sénat est en hausse. Une nouvelle qui passe très très mal. Cette question du train de vie de l’Etat est un problème vieux comme la France. C'est l'avis tranché d'Arthur Chevallier ce mardi sur RMC.

En France, l’Etat ne vit pas d’amour et d’eau fraîche. La sobriété, ce n’est pas notre truc. C’est aussi paradoxal. On se plaint de l’argent que l’Etat dépense et, en même temps, on adore les drapeaux, les défilés militaires, les tapis rouges, les orchestres, la Garde républicaine. Bref, on aime les symboles de la puissance, mais on n’aime pas le prix que ça coûte.

Tous nos présidents vivaient-ils de façon aussi fastueuse? Globalement, oui. Mais ce n’est pas que de leur faute. La France est célèbre pour son protocole très luxueux. Nos présidents ne peuvent pas y couper, c’est la tradition. Dans une version sobre, il y a le général de Gaulle. Il éteignait lui-même les lumières de l’Elysée et y avait installé un compteur électrique pour sa consommation personnelle. Le contre-exemple, c’est François Mitterrand, qui faisait beaucoup de caprices. Figurez-vous qu’il lui arrivait même d’affréter un avion pour qu’on aille lui chercher une spécialité régionale à l’autre bout de la France.

Après, ça s’améliore. Jacques Chirac fait des efforts. Mais c’est Nicolas Sarkozy qui rend publiques les dépenses de l’Elysée. La palme revient à François Hollande. Alors lui, c’est l’oncle Picsou du palais: frais de fonctionnement, frais de déplacement, frais de personnel, tout avait baissé. Il roulait même en Citroën DS. Un sou est un sou. A son époque, le budget était tombé à environ 100 millions. C’était exemplaire. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 125.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Train de vie de l'État, un souci vieux comme la France - 15/10
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La différence entre les dépenses du roi et celle de l’Etat n’était pas très nette

Quand on pense aux rois, au château de Versailles, tout ça, ça devait déjà coûter une fortune, et on a toujours dépensé de grosses sommes. Et c’est bien le problème. On n’a jamais su faire autrement. La France, depuis au moins le XVIe siècle, c’est le pays du faste et de la démesure. La construction du château de Versailles sous le règne de Louis XIV n’a rien arrangé. L’Europe entière se précipitait pour visiter le plus beau palais du monde. Les fêtes, les bals, les dîners, tout était somptueux, et donc très cher.

C’était d’autant plus scandaleux qu’à l’époque, la différence entre les dépenses du roi et celle de l’Etat n’était pas très nette. Louis XVI n’hésitait pas à piocher dans la caisse pour rembourser ses dettes, et surtout celles de sa femme, la reine Marie-Antoinette. Ajoutez à ça la cour de Versailles. C’est-à-dire une bande de marquis poudrés qui passaient leur journée à boire du champagne et à manger des macarons aux frais de la France. Et à la fin, vous avez la Révolution française. A bon entendeur…

Le train de vie de l’Etat n'est pas de l’enrichissement personnel

Même en République, nos présidents ne peuvent pas s’en empêcher: il faut qu’ils jouent au roi. Relativisons, aussi. Le train de vie de l’Etat, ce n’est pas de l’enrichissement personnel. Le président de la République française est loin d’être le mieux payé d’Europe, il se situe même dans une moyenne très raisonnable. Cela étant, les efforts, c’est pour tout le monde. Si l’Etat doit réduire son train de vie, c’est pas pour nous faire plaisir, c’est dans son intérêt. Car quand il ne le fait pas, les Français finissent toujours par le punir. Et pour rappel: l’argent de l’Etat, ce n’est pas le sien, c’est le nôtre.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)