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De Gaulle, Mitterrand, Chirac... L'histoire des dissolutions en France sous la Ve République

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Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche la sixième dissolution de l'Assemblée nationale dans l'histoire de la Ve République française. Avant lui, Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore Jacques Chirac avaient eux aussi pris pareille décision.

Avant Emmanuel Macron, qui a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale ce dimanche, après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, plusieurs présidents français ont pris la même décision.

Il s'agit de la sixième dissolution dans l'histoire de la Ve République française. La première fois, c'était le général de Gaulle en 1962. Il voulait modifier la Constitution pour que le président de la République soit élu au suffrage universel. Les députés s’y opposaient, alors Charles de Gaulle a dissous l'Assemblée et largement remporté les législatives. Il a pu imposer sa réforme et se présenter trois ans plus tard à la première présidentielle au suffrage universel direct. 

La seconde dissolution a eu lieu en 1968. La France venait de traverser la révolte du mois de mai. De Gaulle voulait être relégitimé. Il a dissous et obtenu derrière un raz de marée en sa faveur. Il a réussi ses deux dissolutions.

Une réussite pour François Mitterrand

Même chose pour François Mitterrand, mais dans des circonstances très différentes. En 1981, lorsqu’il est élu président, l’Assemblée est majoritairement de droite. Sans surprise, il dissout cette dernière comme il l’avait annoncé et remporte largement les législatives. 

En 1988, c’est exactement la même chose. Mitterrand est réélu, dissout une Assemblée de droite et obtient une majorité relative. Deux dissolutions réussies, mais deux dissolutions sans suspense puisqu'elles intervenaient immédiatement après une élection présidentielle.

Un échec pour Jacques Chirac

La dernière dissolution que l’on ait connue est celle de Jacques Chirac en 1997. Ce dernier avait été élu en 1995, et il n’avait pas voulu dissoudre l'Assemblée. Il avait gardé la majorité en place, élue deux ans plus tôt et qui lui était favorable. Ce qui veut dire que trois ans après son élection, en 1998, des élections législatives étaient prévues avec un risque de défaite.

Un an plus tôt, en 1997, Jacques Chirac a pensé qu’il avait plus de chances de gagner en anticipant le scrutin. Il a dissous, mais il a perdu. La gauche l'a emporté et Lionel Jospin est entré à Matignon. C'était donc une dissolution ratée. La seule, et elle a conduit à une longue cohabitation de cinq ans.

La France a déjà connu trois cohabitations

Ce scénario pourrait se reproduire aujourd'hui. Si le Rassemblement national venait à obtenir une majorité absolue ou relative, Emmanuel Macron serait contraint de nommer une personnalité politique du parti d'extrême droite en tant que Premier ministre. Ce n’est pas la Constitution qui l’y oblige, parce qu'elle ne prévoit pas la cohabitation. Le mot n’y figure pas. De Gaulle ne l’a jamais imaginée. Dans son esprit, en cas de défaite aux élections, le président devait démissionner.

Mais en 1986, François Mitterrand en a décidé autrement. Après la défaite des socialistes aux législatives, il a appelé Jacques Chirac à Matignon, tout simplement parce qu’il était le président du parti qui venait de gagner, le RPR. Jacques Chirac avait fait savoir que quiconque autre que lui à Matignon ne pourrait pas gouverner. François Mitterrand en avait pris acte, et cela fait depuis jurisprudence.

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En 1993, lorsque la droite a de nouveau gagné les législatives, Jacques Chirac a décidé de rester en retrait et a imposé que son numéro deux, Edouard Balladur, devienne Premier ministre. C’est exactement la position de Marine Le Pen, qui a fait savoir qu’en cas de victoire aux législatives le 7 juillet prochain, elle souhaitait que Jordan Bardella soit nommé à Matignon.

En résumé, il y a eu cinq dissolutions et trois cohabitations pendant la Ve République. Mais la situation actuelle est tout de même totalement inédite dans l’histoire de France. C’est la premiere fois qu’une dissolution pourrait mener à l'arrivée au pouvoir d'un parti d'extrême droite.

Nicolas Poincaré (avec T.R.C.)