Cantonales: les drôles de chiffres de Claude Guéant

Un petit raccourci de langage a permis à Claude Guéant d'afficher dimanche soir une victoire de la « majorité présidentielle » au premier tour des élections cantonales. - -
Comment faire passer son camp d'une deuxième position difficile à une large victoire ? En utilisant des termes soigneusement choisis.
Bref retour sur la soirée électorale d'hier dimanche: 20h15, le ministère de l'Intérieur dévoile sa première estimation du 1er tour de scrutin des cantonales. « PS à près de 25%, UMP environ 16%, FN à plus de 14% ». Une tendance qui sera confirmée par la suite et qui ne fait aucun doute: le Parti Socialiste arrive largement en tête, tandis que le mouvement de Jean-François Copé, deuxième, se retrouve talonné par celui de Marine Le Pen. Mais une heure et quart plus tard, le patron de la place Beauvau, Claude Guéant, dévoile des résultats qui n'ont plus grand chose à voir avec les premiers: « Majorité présidentielle à 32,5%, PS plus de 25%, FN autour de 15% ».
Guéant additionne les voix de la droite, mais pas celles de la gauche
En élargissant l'UMP à la « majorité présidentielle », le ministre de l'Intérieur, on l'a compris, a refait passer son camp en tête et lui attribue du même coup 7.5 points d'avance sur le PS.
Le calcul est partiellement exact. En additionnant les voix obtenues par l'UMP (environ 17% au final) à celles des candidats majorité-présidentielle (6%) et des divers-droite (9.5%), on obtient en effet les 32.5% dont parle Claude Guéant.
Une astuce qui a provoqué l'ire du Parti Socialiste, scandalisé que l'ancien secrétaire général de l'Elysée n'ait pas pris le soin d'additionner aussi les voix de la gauche, voire de l'opposition, pour établir son calcul final.
Peut-être parce qu'en ce cas, ladite « gauche » - en ajoutant aux voix socialistes celles des Verts, des divers-gauche et des radicaux de gauche - aurait obtenu... 48.5%.