Castets à Matignon: Jean-Luc Mélenchon ouvre la porte à un gouvernement sans LFI

Jean-Luc Melenchon réagit lors de la soirée électorale du parti de gauche La France Insoumise (LFI) suite aux premiers résultats du second tour des élections législatives à La Rotonde Stalingrad à Paris le 7 juillet 2024. - Sameer Al-Doumy / AFP
Comment sortir de l'impasse politique pour trouver un nouveau Premier ministre ? Deux jours après les premières consultations du chef de l'Etat avec les groupes politiques, la question semble encore insoluble.
Pour l'instant, la principale conclusion des discussions déjà réalisées est que l'ensemble des groupes interrogés, notamment du camp présidentiel et de la droite républicaine, souhaite censurer un gouvernement incluant des membres du NFP.
Le coup de poker de Mélenchon
Alors, si la France insoumise est le problème, Jean-Luc Mélenchon a ouvert la porte à un gouvernement du NFP sans aucun ministre insoumis.
Invité sur TF1, le fondateur de la France insoumise a directement questionné les groupes du camp présidentiel et de la droite républicaine.
"Le gouvernement de Lucie Castets, s'il ne comportait aucun ministre Insoumis, est-ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d'appliquer le programme pour lequel nous sommes arrivés en tête des élections législatives ?", a-t-il demandé.
"Si vous nous répondez non, on dira que les ministres Insoumis, en fait, c'est un prétexte, c'est du programme dont vous ne voulez pas", a-t-il ajouté.
L'option d'un soutien de LFI sans participation au gouvernement - comme l'avaient fait les communistes avec le Front populaire en 1936 - est dorénavant sur la table et les cartes sont rebattues.
Les réponses des partis attendues
C'est en tout cas comme cela que l'a entendu le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"Jean-Luc Mélenchon ouvre la voie à un soutien sans participation de La France insoumise à un gouvernement de Lucie Castets. Le prétexte de la présence de ministres LFI n'existe plus", a-t-il réagi.
"La déclaration de Jean-Luc Mélenchon met le camp Macron face à ses responsabilités. Les écologistes attendent avec impatience la réponse des chefs des partis Renaissance, Horizons et Modem", a de son côté commenté auprès de l'AFP la patronne des écologistes, Marine Tondelier.
"J'attends les réponses à la question de Jean-Luc Mélenchon", a simplement réagi devant la presse Lucie Castets, qui avait été prévenue de l'initiative mélenchoniste en amont, à l'inverse des autres dirigeants de gauche.
Jusqu'ici, devant la presse, les dirigeants de LFI rejetaient l'hypothèse d'une non-participation à un gouvernement de Lucie Castets. Cette dernière, reçue vendredi matin à l'Elysée avec onze représentants du Nouveau Front populaire, avait maintenu devant Emmanuel Macron sa volonté d'avoir des ministres LFI, plus gros groupe du NFP à l'Assemblée, dans son gouvernement.
Une motion de censure malgré tout
L'option proposée par Jean-Luc Mélenchon n'a toutefois pas fait changer d'avis certains politiques.
"Pour nous c'est non aux ministres LFI et non à un programme inspiré par LFI. Nous sommes opposés à leur participation à un gouvernement, comme à leurs idées", a maintenu dans l'après-midi le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau.
"Si c'est pour appliquer le programme des Insoumis, censure en effet", a abondé le député Renaissance Mathieu Lefèvre." "Pas de ministre LFI, pas de propositions LFI dans le programme et plus de LFI à l'Assemblée nationale. Là oui, on commence à être bien...", a ironisé le député macroniste et ancien rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve.
La réponse est sans détour pour le député Ensemble, Mathieu Lefevre: il y aura malgré tout une motion de censure.
"Le programme au NFP mérite à lui seul d’être censuré, au-delà de la question des personnes. C’est un programme qui revient sur l’économie de marché, qui veut abroger la réforme des retraites, qui veut abroger la réforme de l’immigration... Tout ça est absolument délirant”, a-t-il déclaré au micro de RMC.
La droite républicaine se dit elle aussi prête à censurer un gouvernement du NFP, même sans ministre insoumis. Aucun changement n'est donc à signaler sur la table des négociations. Un gouvernement Lucie Castets semble condamné avant même d'être nommé.
De son côté, Emmanuel Macron prolonge ses consultations ce lundi 26 août avec la réception du Rassemblement national et des présidents du Parlement.