Civitas: pourquoi le gouvernement a décidé de dissoudre le mouvement catholique intégriste

Le gouvernement a acté ce mercredi la dissolution du mouvement catholique intégriste Civitas. Le mouvement est accusé notamment d'appeler à "entrer en guerre contre la République".
Le décret publié par le ministère déclare les reproches faites au groupuscule. Il évoque par exemple le fait que les militants de civitas soient entraînés au combat lors des universités d’été. Il fait la liste des propos racistes tenus par les responsables du mouvement ou des invités à leurs événements.
Des propos parfois islamophobes mais le plus souvent antisémites. Le décret énumère aussi les nombreux hommages rendus par le mouvement à des figures de la collaboration ou du nazisme.
Des responsables de Civitas directement désignés
Le ministère de l'Intérieur nomme le président de Civitas Alain Escada, qui a appelé à “ouvrir de nouvelles voies de l'insurrection", ce qui pourrait être interprété comme un appel à la violence mais ce que l'intéressé conteste formellement.
Le décret désigne également Matthieu Goyet, leader de la section parisienne du groupe et admirateur du maréchal Pétain, ou encore Alexandre Gabriac, secrétaire national du mouvement. Il a été exclu du Front national en 2010 apres la publication d’une photo où on le voyait faire le salut nazi. Il a plusieurs fois rendu hommage à Léon Degrelle, le plus célèbre des collabos belges, engagé volontaire dans la Waffen SS.
Tout cela a fait dire au porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, que Civitas porte des valeurs qui n’ont pas leur place dans la République. Le gouvernement dénonce ses thèses antisémites, islamophobes, mais aussi sa vision de la communauté homosexuelle considérée comme “néfaste".
Une enquête lancée en août dernier
L'enquête sur ce mouvement a été lancée l’été dernier à la suite de déclarations antisémites tenues lors de leur université d’été. C'était en août dernier lors de l’université d’été. Un invité, l’essayiste Pierre Hillard, lors d’un débat sur le satanisme avait suggéré que l’on revienne à la situation d’avant 1789, lorsque les juifs n'avaient pas le droit de devenir français.
Le président de Civitas a expliqué ce mercredi que c'était une boutade, mais c’est bien cette sortie qui coûte cher au mouvement puisque c’est elle qui a déclenché l'enquête du ministère de l'Intérieur et finalement la dissolution du mouvement.
Un mouvement au statut de parti politique
Au départ, c'était un institut fondé par des proches de la Fraternité Saint-Pie X. C’est un mouvement de catholiques traditionalistes adeptes de monseigneur Lefebvre, un évêque français excommunié par avoir consacré d'autres évêques sans l'accord du pape dans les années 80.
Par la suite, ce mouvement religieux est devenu un parti politique en 2016. Il a présenté des candidats aux élections législatives de 2017, mais aucun n’a dépassé 1% des voix.
Entre-temps, Civitas avait surtout été remarqué pour son rôle lors des manifs contre le mariage pour tous.
L'annonce d'une reconstitution du mouvement en Belgique
Civitas va faire des recours juridiques en France contre sa dissolution et parallèlement s’exiler à Bruxelles. L’antenne belge du mouvement est déjà très active. Elle vient de s'illustrer dans le combat contre le décret Evras. C’est une grosse affaire en Belgique, une décision du ministère de l’Education qui impose deux heures par an d'éducation sexuelle.
Le décret a été caricaturé. De fausses informations ont circulé sur les réseaux sociaux, affirmant que des actes sexuels allaient être imposés aux enfants. Plusieurs écoles ont été incendiées.
Alain Escada, le président de Civitas, a participé à une manifestation à Bruxelles. Elle rassemblait côte à côte des militants catholiques et musulmans. Une curieuse alliance de radicaux de deux religions unis contre ce qu’ils appellent le grand complot visant à pervertir nos enfants. La dénonciation du grand complot des élites mondialistes est au cœur du discours de Civitas.