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Cumul des mandats: "L’interdiction, c’est du populisme"

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François Bayrou l’a annoncé: il restera maire de Pau en plus d’être Premier ministre. "On s’est trompé en rendant incompatibles les responsabilités locales et nationales", a-t-il affirmé. Et pour l’écrivain et l’éditeur Arthur Chevallier, c’est un choix courageux.

François Bayrou commence bien. L’interdiction du cumul des mandats, c’est du populisme. Être maire, ça permet de rester au contact de la politique du quotidien, des électeurs, des problèmes concrets des Français. Bref, ça permet de garder les pieds sur terre. La crise de la démocratie, ça vient aussi de la déconnexion des hommes politiques.

Sur le papier, l’idée du non-cumul n’est pas mauvaise. C’était censé renouveler le personnel politique. Il y avait aussi un fort taux d’absentéisme à l’Assemblée. Les députés étaient retenus par leurs obligations locales. C’était un problème, c’est vrai. En 2012, 82% des députés étaient en situation de cumul. Donc on a fait passer une loi en 2014 qui interdit le cumul d’une fonction exécutive locale, maire par exemple, et un mandat parlementaire.

Résultat: les députés sont coupés du terrain et ont une relation moins forte avec leurs électeurs. Maire et député, ce sont des fonctions complémentaires. Quand c’est la même personne, c’est efficace. Si ce sont deux personnes différentes, il faut qu’elles s’entendent et coopèrent. Problème: ce n’est pas toujours le cas. Et à la fin, c’est l’électeur qui trinque.

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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : François Bayrou rouvre le débat du cumul des mandats - 17/12
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Le cumul des mandats, un vieux débat

Le cumul, c’est un vieux débat. Au début, la lenteur des moyens de communication le rend de toute façon très compliqué. Paris et la province sont un peu coupés. Le cumul, ça commence sous le règne du roi Louis-Philippe, en 1830. Les députés comprennent qu’avoir un enracinement local les aide à être élu au niveau national. En 1840, 50% des députés sont aussi conseillers généraux. Ça va s’accentuer au XIXe siècle. Le cumul, ça va de pair avec la figure du notable, c’est-à-dire l’élu de province, qui connaît des ministres et qui fait remonter les problèmes à Paris. C’était le choix de l’efficacité, pas de la vertu.

Et ça arrange tout le monde, en fait. Sous la IIIe République, en 1876, les statistiques sont les mêmes. A peu près 50% des députés ont un mandat local. On pense déjà à la limitation des mandats, mais ça concerne le cumul entre députés et sénateurs… La limitation comme on l’entend aujourd’hui, ça commence tardivement. Avec une loi de 1985, qui interdit le cumul d’un mandat parlementaire avec plus d’un mandat local ou européen.

Les électeurs, eux, sont partagés. D’après un sondage Ifop de 2024, 46% sont pour, 54% sont contre. Mais allons au-delà de ces chiffres. Ça fait 10 ans qu’il y a un cumul assez strict. Avez-vous l’impression que les Français ont plus confiance en la politique qu’avant? Le cumul n’est pas le seul responsable, mais ça n’a pas arrangé grand-chose. Donc c’était du populisme, c’est-à-dire un truc pour amuser la galerie qui ne servait à rien. On a sûrement mieux à faire.

Arthur Chevallier