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Dépression, tensions, impréparation... plus d'un maire démissionne par jour en France

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Le centre de recherche de Sciences Po révèle dans une grande enquête que les démissions de maires sont de plus en plus nombreuses. Elles auraient été multipliées par 4 par rapport à 2008, pour diverses raisons, à cause des tensions au sein des conseils, de la pression, de burn-out ou d'un manque de préparation à la fonction.

Une vague de démissions sans précédent chez les maires. Une grande enquête du Cevipof, le centre de recherche de Sciences Po, révèle que 40 démissions ont été enregistrées par mois entre septembre 2020 et mars 2025, soit plus d'une par jour. En l’espace de trois mandats municipaux, depuis 2008, le nombre de démissions a été multiplié par 4.

Les articles de presse locale foisonnent de titres de presse annonçant la démission d'un maire. Ces décisions sont souvent prises "à contre-cœur". Ils ont beau être les politiques les plus "considérés", ceux en qui les citoyens ont le plus confiance, ils n’ont jamais autant démissionné que pendant le mandat actuel. Sur les plus de 3.000 changements de maires, précisément 2.189 sont des démissions volontaires.

Les désaccords concernent 31% des démissions

Les auteurs de l’enquête parlent d’un niveau historique qui s'expliquent en grande partie par les tensions et désaccords au sein des conseils municipaux. Cette raison est avancée dans 31% des cas de démissions recensées par l’étude. Elles ne concernent pas seulement les conflits entre le maire et son opposition, mais c’est souvent à cause de tensions au sein-même de la majorité qui cause la démission.

En Haute-Garonne, par exemple, à Lévignac, le maire, désavoué par son propre camp pour sa gouvernance jugée trop solitaire, a démissionné en février 2022. Les élections anticipées, organisées dans la foulée, ont été remportées par son ancien adjoint.

Les agressions jouent, à l'inverse, un rôle extrêmement mineur dans les démissions. Elles ont, surtout et heureusement, un écho politique et médiatique très fort. Ce fut le cas lorsque le maire de Saint-Brévin, en Loire-Atlantique, avait vu sa maison incendiée. Les démissions liées à des violences ou agressions concernent une quarantaine de cas.

De plus en plus de burn-outs

Les problèmes de santé physique et mentale représentent 5% des démissions. L'ancienne maire de Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, Marie-Hélène Aubert assume souffrir d'un burn-out, pour expliquer sa démarche auprès des administrés.

En proportion, les démissions touchent autant les hommes que les femmes, mais surtout les retraités et ceux qui exercent une profession intellectuelle ou les cadres supérieurs. L’étude montre que ce sont surtout les maires des petites villes, de moins de 500 habitants, qui sont concernés. La vague de démissions (25% du total) est sans précédent dans les communes de 1.000 à 3.500 habitants.

Parmi les démissionnaires, 53 % sont des maires dans leur premier mandat. "Ce n’est pas une crise des vocations mais une crise de préparation à la fonction", peut-on lire dans l'étude.

La dernière promotion de maires a été élu en 2020, en pleine épidémie du Covid, un contexte vraiment particulier. La dynamique collective a été difficile à mettre en place à cause du masque et des échanges en distanciel. Les effets du covid expliqueraient en partie cette vague.

Hélène Terzian