Dérapage budgétaire: "Ils n’ont pas voulu révéler la vérité à l'opinion publique" selon Charles de Courson

Qui est responsable du dérapage des comptes publics et de l'augmentation du déficit? Les sénateurs Jean-François Husson (LR) et Claude Raynal (PS) ont rendu ce mardi après-midi les conclusions de leur mission d'information sur le sujet. Ils cherchaient à savoir pourquoi le déficit public en 2024 est passé d'une prévision de 4,4% à 6,1%, comme il est finalement attendu. Les deux sénateurs accusent frontalement l'ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire et les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Élisabeth Borne. Ils parlent d'un "déni collectif" et d'une "irresponsabilité" de l'ancien gouvernement.
Le constat des sénateurs est sans appel. Selon eux, Bruno Le Maire et Élisabeth Borne étaient au courant du dérapage dès le mois de décembre 2023. Une note les alertait que l'Etat ne gagnerait pas autant d'argent que prévu grâce aux impôts. Sauf que les mesures pour rectifier le tir ont trop tardé à venir. “De nombreux mois ont été perdus" affirment-ils, et la dissolution n'a rien arrangé. Visiblement très agacés, les ministres accusés ont contre-attaqué tous ensemble quelques heures plus tard.
Bruno Le Maire, en première ligne, dénonce un rapport "d'opposant politique" "truffé de mensonges". Tous expliquent avoir au contraire "réagi vite" en faisant face aux oppositions qui voulaient dépenser plus, PS et LR en tête. Pas de doute qu'ils redonneront les mêmes explications à l'Assemblée nationale le mois prochain. Les députés enquêtent eux aussi sur le dérapage des comptes publics.
Charles de Courson: "Il fallait tout de suite dire la vérité à l’opinion publique, or ils ont nié"
Invité d'Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story, Charles de Courson, député Liot de la Marne et rapporteur général du budget, compte lui aussi obtenir des réponses des anciens membres du gouvernement. "Nous avons découvert que la dégradation était connue depuis fin 2023, ce que confirment nos collègues du Sénat, explique-t-il. La grande question, c’est pourquoi ils ont peu agi. Bruno Le Maire explique qu’il voulait une loi de finances rectificative, qu’Emmanuel Macron lui a refusée lors d’une réunion qui a eu lieu à l’Elysée. Ils ont pris un décret d’annulation de 10 milliards, mais ce n’était pas du tout à la hauteur. Surtout, ils n’ont pas voulu révéler à l’opinion publique et au Parlement la vérité sur la gravité de la situation. La situation s’est aggravée et il y avait les élections européennes."
Selon Charles de Courson, "il fallait tout de suite dire la vérité à l’opinion publique, or ils ont nié". "La majorité présidentielle de l’époque était déjà en difficulté, ça ne faisait que l’aggraver", estime-t-il, alors que les efforts demandés aux Français auraient pu être moins lourds si des mesures avaient été prises plus tôt selon lui. Devant la commission de l'Assemblée nationale, les hauts fonctionnaires de Bercy, notamment, seront également entendus. Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, sera aussi convoqué.
"Il faut auditionner les hauts fonctionnaires. Un chef ne dit jamais que c’est la faute de ses collaborateurs. Nous allons auditionner le secrétaire général de l’Elysée (Alexis Kohler), confirme Charles de Courson. Nous ne pouvons pas auditionner le président, mais nous pouvons auditionner, et on l’a déjà fait d’ailleurs, le secrétaire général de l’Elysée ou d’autres collaborateurs."