Des visites payantes de de l'Assemblée? "Ce n'est pas une start-up"

Clémentine Autain, députée du groupe La France insoumise. - JACQUES DEMARTHON / AFP
Clémentine Autain est députée de La France insoumise, de Seine-Saint-Denis.
"Cette affaire est hallucinante, incroyable. Il est question d'un manquement à l'article 1 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Et le président de notre Assemblée, qui est le garant de l'application des lois et du bon fonctionnement de notre assemblée, se montre d'une très grande légèreté. Parce qu'une députée fait du business de son mandat. L'assemblée nationale n'est pas une start-up.
"Ce type de fait devrait être lourdement sanctionné"
Je ne vois pas comment une députée peut sur le site de l'entreprise de tourisme qui est la sienne proposer des visites de l'Assemblée nationale à 119 euros. Et il est bien mentionné sur le site "notre députée vous accueillera". Donc même si les frais couvrent le bus et le reste, il y a un mélange des genres tout à fait dangereux pour la démocratie. Juste après avoir adopté une loi dont le nom était la moralisation de la vie publique, je trouve que ce type de fait devrait être lourdement sanctionné.
Dans le règlement, il y a la possibilité que le Bureau se saisisse, que le ministre de la Justice se saisisse pour que la députée soit démissionnaire. Elle manque à la déontologie minimale. Il faut être intraitable avec tout ce qui relève d'un mélange des genres entre des intérêts privés et ce qui relève de la fonction d'élu. L'état d'esprit globalement ne convient pas. Dire que la France est une start-up contribue aussi à mélanger les genres.
"On n'est pas là pour faire du business"
On n'est pas là pour faire du business. On est là pour représenter les citoyennes et les citoyens et faire en sorte que la démocratie s'améliore. Le lien de confiance entre les élus et le peuple est dans un sale état. Et donc nous devons faire attention à ce que nous faisons. Je suis absolument certaine que si la députée ne faisait pas partie de la majorité LREM, François de Rugy aurait sans doute eu d'autres mots, plus sévères, pour la rappeler à l'ordre.
Sa justification n'est pas tout à fait suffisante pour nous convaincre. Elle dit qu'elle cède ses parts, mais ses parts en sont pas à l'heure actuelle cédées. Elle reste partie prenante de l'entreprise. Que sur le site soit marqué "notre députée" signifie bien un mélange des genres entre la fonction de député et son rôle dans l'entreprise. On ne peut pas nous faire croire qu'on fait payer sans utiliser le rôle de député dans la nature même de cette visite. C'est bien la confusion entre l'esprit public et l'intérêt privé qui est en cause dans cette affaire".
Pascale Fontenel-Personne justifie l'activité de son entreprise
Mise en cause pour des visites à l'Assemblée nationale facturées 119 euros, Pascale Fontenel-Personne explique s'être mise en retrait de son entreprise. Elle justifie en outre le tarif par les frais de transport et de restauration compris dans l'excursion. "Le tarif comprend le trajet entre Le Mans et Paris, le repas ainsi que les déplacements divers. Il n'a jamais été question de faire payer l'entrée de l'Assemblée nationale, la visité étant gratuite", écrit la députée.