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Deux ou trois raisons de ne pas voter pour... Marine Le Pen

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -

Suite et fin des partis pris consacrés aux candidats à l'élection présidentielle. Ce vendredi, Marine Le Pen était l’invitée de Bourdin 2012 sur RMC et BFMTV. Refuser le vote Le Pen, c'est avant tout se libérer d'un mensonge…

A entendre Marine Le Pen, nous vivrions dans un pays de cauchemar, envahi par les étrangers, confisqué par une oligarchie corrompue, hanté par les criminels, rongé par la fraude. Elle n'a à la bouche que la défense de la France, mais elle passe son temps à la caricaturer, à la dénaturer pour offrir ses martingales simplistes à ceux qui croient au paradis perdu. Ses thèmes de campagne se résument à des anathèmes. Avec son discours fantasmagorique et ses solutions fantomatiques, elle dégrade notre pays plus sûrement qu'une agence de notation. Avec Marine Le Pen, ce n'est pas le AAA, c'est la triple haine : haine de l'étranger, de l'euro, de l'islam. Ça fait déjà trois bonnes raisons de lui dire non.

On ne peut pas nier qu'elle a réussi à placer plusieurs sujets au cœur de la campagne. Est-ce que ça ne veut pas dire qu'une part de l'opinion est d'accord avec elle ?

Sans doute ; à ceci près qu'elle ne s'adresse pas toujours à la raison, mais souvent aux émotions, aux pulsions - et pas toujours les plus positives. C'est la politique du pire et de la peur. Ce qui est frappant, c'est qu'elle conteste toutes les statistiques officielles... sauf quand elles sont alarmantes. Pour elle, il y a beaucoup plus de chômeurs qu'on ne le dit, plus d'immigrés, plus de fraude fiscale, plus de viande halal. Mais si la police dit que les cambriolages augmentent, elle en prend acte - comme pour la proportion de pauvres ou de salariés précaires. C'est une façon de ne voir la réalité qu'en termes négatifs. De ce point de vue - quoi qu'elle en dise -, Marine Le Pen s'inscrit dans une longue tradition idéologique de l'extrême droite : celle du défaitisme. Ça n'a jamais favorisé le sursaut.

Elle n'est pas arrivée à achever la "dédiabolisation" du FN ?

Il faut surtout être angélique pour croire à cette "dédiabolisation". C'est vrai que, par contraste avec son père, qui multiplie les références honteuses et les blagues lamentables (mais qui reste président d'honneur du FN), Marine Le Pen a l'air plus policée. Mais elle a mesuré dans cette campagne que ses théories fumeuses sur la sortie de l'euro sont moins efficaces que les incantations contre l'islam - surtout après la tuerie de Toulouse. Sa proposition de dérembourser ce qu'elle appelle les "avortements de confort" jure aussi avec sa prétendue modernité. Et on se rappelle qu'au moment même où elle en appelait à la démocratie pour avoir les 500 signatures, elle est allée valser à Vienne avec la fine fleur de l'extrême droite européenne, dans un bal où on rend hommage non pas aux ouvriers victimes de la mondialisation, mais aux révisionnistes et aux propagandistes néonazis. Le diable se niche aussi dans ce genre de "détails", comme dirait Jean-Marie Le Pen.

Pour écouter le podcast intégral du Parti Pris d'Hervé Gattegno ce vendredi 20 avril, cliquez ici.

Hervé Gattegno