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Deux ou trois raisons de ne pas voter pour... Nathalie Arthaud

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -

La candidate de Lutte ouvrière à la Présidentielle était l’invitée de Bourdin 2012 ce jeudi matin sur RMC et BFMTV. Avant tout, il faut dire aux nostalgiques que ce n'est pas en boudant Nathalie Arthaud qu'ils feront revenir Arlette Laguiller…

La passionaria de Lutte ouvrière s'est assez battue pour la retraite des travailleurs pour qu'on la laisse prendre la sienne. Mais si on se souvient qu'à sa première participation (sur six), en 1974, Arlette Laguiller avait recueilli 2,3 % des voix, on peut se dire qu'un plus petit score dispensera peut-être Nathalie Arthaud de faire d'autres tentatives. Autre motif raisonnable de ne pas voter pour elle : elle dit clairement que l'élection présidentielle ne l'intéresse pas, que le pouvoir ne se gagne pas par le vote, mais par la lutte - et qu'elle ne fait campagne que pour diffuser ses idées. Avec les règles du CSA, on a une forme de dictature, celle des temps de parole : ça oblige à lui prêter l'oreille, mais pas à lui donner de voix.

"Dictature" ? Peut-on vraiment dire que Nathalie Arthaud n'est pas une candidate démocrate ?

Oui. Le modèle de société qu'elle défend, ce n'est pas la société démocratique, mais bien la dictature du prolétariat - même si le terme ne figure plus nulle part, ce qui prouve que les trotskistes aussi savent passer leurs slogans au tamis du marketing politique. Il n'empêche qu'un parti qui prône "l'expropriation de la grande bourgeoisie" et la prise de contrôle de toutes les entreprises par "la classe ouvrière" dans un "rapport de force", personne ne peut dire qu'il défend les valeurs de la démocratie et de la liberté. C'est d'ailleurs le principal reproche que Nathalie Arthaud et Philippe Poutou font à Jean-Luc Mélenchon : ils le trouvent trop modéré dans sa critique du système politique et du capitalisme. C'est dire...

En attendant, les deux candidats trotskistes ne pèsent pas lourd par rapport à Jean-Luc Mélenchon...

C'est ce qu'il y a de plus cuisant pour eux. Mélenchon aussi vient du trotskisme, il est passé par le PS, aujourd'hui allié du PC : à Lutte ouvrière, on ne peut pas imaginer pire dans le genre social-traître. Nathalie Arthaud, elle, promet le bonheur à tout le monde sans demander l'avis de personne. Mais son monde s'arrête à ceux qu'elle appelle "travailleurs" - ce qui n'inclut visiblement pas les employés de banque ni les cadres de l'industrie, dont on ne sait pas quel sort elle leur réserve. Les militaires non plus, puisqu'elle veut aussi supprimer l'armée et l'industrie de défense - au sens propre, c'est désarmant. En résumé, elle milite pour une économie qui ressemble à s'y méprendre au modèle soviétique avant la chute du Mur. On peut trouver ça vintage ou pittoresque, mais il ne faut pas se laisser prendre au sourire de Nathalie Arthaud. D'ailleurs, ça la ferait rougir... et elle n'en a pas besoin.

Ecoutez ci-dessous le podcast intégral du Parti Pris d'Hervé Gattegno ce jeudi 12 avril 2012 :

Hervé Gattegno