RMC
Politique

Faut-il interdire l'écriture inclusive?

placeholder video
Le Sénat va débattre ce jeudi de l’usage de l’écriture inclusive.

C’est une position ferme qu’assume le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer. Il a ré-affirmé sa position sur le sujet de l’écriture inclusive à l’école: “il faut l’interdire”.

L’interdire à l’école, car je cite Jean-Michel Blanquer, la langue française ne doit pas être “triturée”, et parce que l’écriture inclusive est plus difficile à appréhender pour les élèves dyslexiques. Son usage est déjà interdit dans les textes qui doivent être publiés au journal officiel, c’est Edouard Philippe qui avait pris cette circulaire en 2017, mais le gouvernement souhaite donc l’étendre à l’école. Certains parlementaires sont aussi sur cette ligne puisqu’une proposition de loi a été déposée par des élus de la majorité et des républicains pour bannir l’écriture inclusive de toutes les entités en charge d’une mission de service public.

Est-ce qu’elle est beaucoup utilisée aujourd’hui ?

Elle l’est dans le champ politique, et une partie de la gauche semble en avoir fait un combat. Anne Hidalgo à Paris, Grégory Doucet à Lyon, Benoît Hamon dans son parti et l’ensemble de la France Insoumise s’expriment en écriture inclusive. 

Certaines universités le font aussi pour s’adresser aux étudiants, et on peut citer la tribune publiée en 2017 par 314 professeurs de tous niveaux: “Nous n’enseignerons plus la règle selon laquelle le masculin l’emporte sur le féminin”, disaient-ils. Enfin, on le sait moins, mais beaucoup de documents administratifs sont rédigés en écriture inclusive. Regardez vos cartes d’identité par exemple, il est indiqué né avec un second “e” entre parenthèses. La parenthèse fait donc ici office de point médian, c’est son ancêtre, et cela n’a pas l’air de gêner grand monde. Supprimer l’écriture inclusive, cela voudrait donc dire, aussi, ré-imprimer des millions de documents officiels.

Et c’est une question qui revient régulièrement dans le débat depuis plusieurs années

Elle est même devenue symbolique du clivage entre les déclinistes, ceux qui pensent que nos traditions se perdent, y compris notre langue, et les progressistes, qui jugent au contraire que le langage doit intégrer le combat pour l’égalité femmes-hommes. De fait, l’écriture inclusive a plusieurs dimensions: d’abord la féminisation des professions, autrice, policière, pompière. L'Académie française a tranché très officiellement en 2019, aucun problème, d’ailleurs, ce n’est pas cela qui est en jeu aujourd’hui.

>> A LIRE AUSSI - "L'écriture inclusive est contre-productive pour l'apprentissage et la compréhension du français"

Deux autres aspects sont en revanche beaucoup plus polémiques: d’abord le point médian, qui rassemble en un seul mot le masculin et le féminin, les député.e.s par exemple. Et puis l’accord entre les genres: aujourd’hui, le masculin l’emporte en toutes circonstances sur le féminin, signe d’une inégalité ancrée dans la grammaire pour les défenseurs de l’écriture inclusive.

Louis Amar