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Faut-il proposer le vote électronique sur Internet aux élections? Ça fait débat sur RMC

Le vote électronique fait partie de vos propositions de loi citoyennes. En France, il y a eu quelques essais, plutôt infructueux.

Au Canada, au Brésil, en Inde, en Irlande. Des machines à voter piratées, des scrutins annulés à répétition. Si bien que certains pays ont carrément renoncé. Les Pays-Bas ne proposent plus le vote électronique depuis 2008. En Allemagne, les machines n’ont pas servi depuis 2009. Au Royaume-Uni, tout était en place, mais rien n’a jamais été utilisé. En Belgique, on a trouvé ça trop cher.

En France, il y a eu un essai. Les Français de l’étranger ont pu voter sur Internet pour les législatives de 2012. Mais pas en 2017. Le risque de cyberattaques était trop élevé.

Et ce n’est pas le seul problème explique Thierry Vedel, chercheur au CNRS, spécialiste des questions de citoyenneté et de numérique:

"Il faut être sûr que votre vote par internet ne sera pas enregistré quelque part, ça c'est le problème de la confidentialité. Ce que vous votez chez vous, il faut ensuite être sûr que c'est ce qui est comptabilisé. Personne ne peut garantir une sécurité absolue des réseaux. Il y a aussi le problème de l'authenticité, c'est-à-dire que la personne qui vote, c'est bien celle qui est bien habilitée et là lorsqu'on vote depuis chez soi, on peut imaginer qu'il peut y avoir des dynamiques familiales, des pressions voire des tentatives de corruption".

Un système utilisé en Suisse et en Estonie

En Europe, il y a deux pays où ça fonctionne bien. D’abord en Suisse. Les débuts ont été chaotiques. Mais le dispositif s’est amélioré. A tel point que la Suisse lance un défi aux hackers. 150.000 francs à celui qui arrivera à pirater le nouveau système en test dans une dizaine de cantons.

Et puis en Estonie, là c’est bien au point. On pourra même voter là-bas via son smartphone aux prochaines européennes. Chaque électeur dispose d’une carte d’identité à puce et d’un lecteur de carte connecté à un ordinateur. Le vote est sécurisé par 2 codes secrets. Le premier pour vous identifier, le second pour signer.

Exactement le modèle dont doit s’inspirer la France, au moins pour les élections locales, dit Paula Forteza, députée en Marche des Français de l’Amérique latine et des Caraïbes: "Il y a des cas où c'est absolument nécessaire, par exemple, pour les Français de l'étranger qui doivent se déplacer au bureau de vote qui est dans les ambassades ou les consulats et qui ne peuvent pas participer s'il n'y a pas ce vote en ligne. Il y a un deuxième cas, aux élections nationales, présidentielle et législatives. Je crois qu'il faut qu'on écoute les utilisateurs, il faut ouvrir ce chantier".

Plusieurs études ont montré que le vote électronique favorisait la participation. Plus besoin de se déplacer, on vote en quelques clics. Ces mêmes études ont aussi montré que cela favorisait beaucoup le vote blanc.

Matthieu Rouault