Faut-il une nouvelle taxe d'habitation? Pourquoi les maires sont partagés

Faut-il revenir sur la suppression de la taxe d'habitation? La ministre des Territoires, Catherine Vautrin, a relancé le débat ce mardi. Elle souhaite une discussion avec les maires en début d'année prochaine, pour s'assurer que chaque habitant d'une commune participe au financement local. Ce n'est techniquement plus le cas depuis la disparition totale de la taxe d'habitation le 1er janvier 2023, qui n'existe plus que pour les résidences secondaires.
"C'est un sujet à mettre sur la table avec les élus, si nous sommes encore là en début d'année" a précisé la ministre sur France Inter.
La taxe d'habitation représentait au total 21 milliards d'euros pour les communes et les communautés de communes. Depuis, les mairies reçoivent une compensation de l'Etat, mais elle est source de plusieurs critiques des mairies car c'est au bon vouloir de l'Etat et le montant n'a pas augmenté depuis 2018 malgré l'inflation, donc les communes se sentent perdantes.
"Ne pas être sous perfusion de l'Etat"
Qu'en pensent les maires, qui sont réunis au Congrès des maires à Paris? Certains avancent qu'une taxe gérée directement par les maires permettrait de reprendre le contrôle sur une partie du budget.
"C'est indispensable pour les communes pour ne pas être sous perfusion de l'Etat et du département", selon Eloy Jaramago, maire d'une petite commune près de Besançon.
Chaque habitant pourrait aussi participer au financement local. Mais pour Anne Gallo-Kerleau, à la tête d'une commune du Morbihan, ce n'est pas aux maires de gérer ce type de taxe. "Il faut qu'il y ait une dimension nationale et qu'il n'y ait pas de concurrence entre les territoires", juge-t-elle.
D'autres élus sont beaucoup plus sceptiques, comme le maire de Gex, Patrice Dunand.
"C'est très français. Au lieu de simplifier, on complexifie puis on renvoie la balle aux collectivtés locales ou aux maires", tacle-t-il.
Et puis, dans les très petites communes, une telle taxe serait contre-productive, explique Olivier Barasz, maire d'un village de 80 habitants dans le Gers.
"Augmenter de 1 ou 2%, ça me ferait quelques centaines d'euros dans les caisses. C'est rien pour la commune. Par contre, les habitants, eux, la voient l'augmentation", rappelle-t-il.
Le président de l'Association des maires de France, David Lisnard, insiste: pas question de créer une nouvelle taxe locale.