Fin de vie: pourquoi les débats à l'Assemblée nationale s'annoncent très mouvementés

Promis par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle 2022, les textes sur les soins palliatifs et la fin de vie arrivent ce lundi 12 mai dans l'Hémicycle. Deux textes très attendus que les députés vont donc examiner en séance publique. Le premier pour élargir les offres de soins palliatifs, plus consensuel. Le second plus clivant, sur l’aide à mourir, en cas de maladie grave et incurable, défendu de longue date par le député Olivier Falorni (MoDem).
Deux semaines de débat sont prévues, en commençant par le texte "palliatif" puis en enchaînant avec le texte "aide active à mourir".
L’examen par l’Assemblée nationale commence ce lundi à 16 heures, puis se poursuivra au 23 mai... Les votes solennels des deux textes sont prévus le 27 mai après les questions au gouvernement.
Que contient le texte?
Dans un entretien au Parisien, la ministre de la Santé Catherine Vautrin assure que le texte débattu dès aujourd'hui, "n'est pas une légalisation de l'euthanasie", et que le gouvernement va porter plusieurs amendements restricitifs. La ministre de la Santé souhaite d'abord que le patient s'administre lui-même la substance mortelle : ça doit être la règle et non l'exception selon elle. L'exception étant qu'un professionnel de santé intervienne dans le processus d'aide à mourir.
Pour avoir accès au processus, il faut être "atteint d'une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital en phase terminale ou avancée". Une formulation trop large que le gouvernement veut clarifier, en définissant justement cette "phase avancée" comme un état irréversible qui affecte la qualité de vie.
Enfin, Catherine Vautrin compte faire rétablir le délai de réflexion après l'accord du médecin. Pour elle il doit être de deux jours au minimum afin de s'assurer une fois de plus de la volonté définitive des patients. Ces amendements seront débattus pendant les deux prochaines semaines à l'Assemblée.
"Un texte équilibré"
Le débat risque encore d'être long et animé avec d'un côté les députés plutôt satisfaits du texte tel qu'il est rédigé aujourd'hui comme l'écologiste Sandrine Rousseau.
"On a eu débat hyper constructifs en commission. Nous n'étions pas tous d'accord mais nous n'avons pas eu de point de rupture. Mais tel qu'il est sorti de la commission, l'équilibre permettra de le voter", salue-t-elle.
Line Renaud et Gabriel Attal ont co-signé une tribune ce dimanche défendant le texte de loi sur la fin de vie... Bertrand Delanoë, ancien maire PS de Paris, défend également le texte.
"Cette définition a fait sauter tous les filets de sécurité"
Et de l'autre ceux qui trouvent que ce texte va trop loin. Parler de maladie incurable en phase avancée ou terminale, est une définition trop large pour le député et médecin Philippe Juvin.
"Cette définition a fait sauter tous les filets de sécurité. Ce n'est plus du tout un texte d'ultime recours. Ca s'adresse à des gens qui potentiellement ont une maladie très grave et incurable ont des années de vie devant eux", explique-t-il.
Jordan Bardella, président du RN a de son côté signé, le 4 mai, une tribune dans le JDD pour s’opposer au texte, qualifié d'“aveu de renoncement”.
"On ne satisfera jamais tout le monde"
Chaque critère est scruté : est-ce trop restrictif, trop laxiste ? Le rapporteur du texte, Olivier Falorni, en est conscient.
"C'est un exercice très compliqué, et on ne satisfera jamais tout le monde. Je pense que nous avons une voie d'équilibre à tracer", juge-t-il
Et l'un des points de débats qui devraient animer les discussions, c'est le nombre de médecins nécessaires pour valider le choix du patient.